Une douleur à la main ne doit pas être prise à la légère

décembre 15th, 2014

«Une douleur à la main ne doit pas être prise à la légère»
Mots clés : Avis d’expert, main
– le 12/12/2014
AVIS D’EXPERT – Les douleurs de la main ne sont pas toujours aisées à diagnostiquer et donc à soulager. Richard Trèves, chef du service de rhumatologie (CHU Dupuytren, Limoges), membre correspondant de l’Académie nationale de médecine, explique pourquoi.

La main est d’une extrême complexité sur le plan anatomique, constituée par de nombreux tissus tous différents: la peau, les tendons, les nerfs, les vaisseaux. Cent cinquante mille fibres nerveuses relient la main au cerveau… De ce fait, les douleurs, aiguës ou chroniques, ne sont pas toujours aisées à diagnostiquer et donc à soulager, voire à guérir. En effet, sauf dans le cas des enfants, où il s’agit presque toujours d’un traumatisme (entorse ou fracture), la main douloureuse est aussi très souvent du ressort de la rhumatologie, mais la douleur peut aussi être d’origine vasculaire, voire neurologique, et on peut par exemple expliquer des déformations de la main par une atrophie musculaire liée à une maladie du système nerveux central ou périphérique. C’est pourquoi, plus que dans d’autres pathologies, le diagnostic dépend d’abord de l’interrogatoire du patient, qu’il faut compléter par des examens biologiques et surtout radiologiques en utilisant toutes les ressources de l’imagerie: radiographie, scanner ou IRM, voire électromyogramme, pour connaître l’origine des douleurs musculaires, s’il y a lieu.

Arthrite ou arthrose?
Vous êtes réveillé en pleine nuit par des fourmillements dans les doigts surtout au niveau du pouce, de l’index et du majeur et vous devez secouer la main comme si vous agitiez un thermomètre pour vérifier qu’il vous reste de la force: il s’agit très probablement d’un canal carpien, une affection due à la compression du nerf médian à l’intérieur du poignet qui bloque la sensibilité des trois premiers doigts. C’est une maladie professionnelle reconnue dans la quinzaine de métiers qui obligent à des mouvements répétés d’extension du poignet ou de préhension de la main. Mais c’est parfois la conséquence d’un diabète ou d’une maladie de la thyroïde, par exemple. Enfin, plus fréquent chez la femme, ce syndrome peut apparaître au cours du dernier trimestre de la grossesse. Le traitement consiste en première intention à maintenir le poignet avec une orthèse ou une attelle ; si la douleur persiste, une infiltration d’un dérivé de cortisone est pratiquée dans le poignet. L’intervention chirurgicale n’est proposée qu’en dernier ressort pour libérer le nerf s’il reste comprimé. Quand ce sont tous les doigts qui «fourmillent» et que la douleur s’étend au bras et au cou, il s’agit d’une névralgie cervico-brachiale. Après confirmation par un examen radiologique, voire une IRM, le traitement repose sur des massages et des étirements.

Arthrite ou arthrose? Leur nom prête à confusion, mais, dans les deux cas, il s’agit d’un rhumatisme affectant les articulations. L’arthrite désigne une inflammation transitoire, alors que l’arthrose est une pathologie dégénérative. Dans l’arthrite, la main est gonflée, douloureuse surtout la nuit et raide au lever, une sensation qui disparaît peu à peu sous l’eau chaude. L’arthrose entraîne plus gravement des déformations progressives caractéristiques des petites articulations des doigts, avec des douleurs plutôt dans la journée, liées aux mouvements et aux efforts. Les examens confirment la différence, à la fois sur le plan biologique et grâce à l’échographie, qui permet de donner une bonne image des tendons, des ligaments et de la présence ou non d’une inflammation de l’articulation.

Un problème de circulation
Quand il fait froid, il arrive que les doigts deviennent blancs et perdent toute sensibilité. Ils sont comme «morts» et quand, à la chaleur, ils reprennent des couleurs, ils font mal. Le médecin qui a découvert ce syndrome au XIXe siècle, Maurice Raynaud, lui a donné son nom. Il résulte d’une anomalie au niveau de la circulation sanguine, aux multiples causes, qu’il faut d’abord retrouver avant de traiter.

Si une bosse apparaît sur le dessus du poignet, rien de grave, c’est un kyste synovial. Il suffit de le ponctionner ou d’opérer s’il ne disparaît pas spontanément car ce n’est pas esthétique et souvent gênant au quotidien. Un gonflement et une raideur au niveau du pouce ou du poignet, c’est une tendinite qui se guérit généralement avec une simple infiltration. Enfin, le doigt peut se bloquer parce qu’un nodule bénin empêche le tendon fléchisseur de coulisser facilement. Ce «doigt à ressaut» se soigne très bien par des infiltrations, au pire par une intervention chirurgicale. Il ne faut pas le confondre avec la «maladie de Dupuytren», ressemblante mais plus grave, dont on ignore encore les causes et qui nécessite un traitement plus radical.

Une douleur de la main ne doit jamais être prise à la légère. Qu’il s’agisse d’une blessure, d’un traumatisme ou d’une simple gêne, il faut consulter. Il existe partout en France des centres «urgence main» où des équipes spécialisées prennent en charge chaque année près d’un million et demi de blessés de la main. Depuis trente ans, la prise en charge de la main a fait d’immenses progrès… Les mains sont trop importantes pour ne pas être mises entre les meilleures mains.

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