Un nouveau ligament découvert dans le genou

novembre 18th, 2013

Un nouveau ligament découvert dans le genou

Mots clés : Anatomie, genou
– le 14/11/2013
Situé sur la face externe de l’articulation, il explique pourquoi la réparation d’un ligament croisé ne suffit pas toujours à récupérer entièrement.

 

À l’heure où les performances de l’IRM et des scanners donnent l’impression de lire dans le corps humain comme dans un livre, toute découverte anatomique est accueillie avec surprise. La publication par deux chirurgiens belges, fin octobre, de travaux établissant l’existence d’un nouveau ligament «antéro-latéral » dans le genou n’a pas fait exception.

Cette étude, qui a nécessité la dissection de 41 genoux durant quatre ans, «clarifie une vieille énigme », écrivent dans le Journal of Anatomy le Pr Johan Bellemans et le Dr Steven Claes (Université catholique de Louvain). «Nous avions de longue date remarqué que 10 à 20 % des patients opérés du ligament croisé antérieur présentaient encore des problèmes d’instabilité après l’intervention, ce qui n’est pas logique, explique au Figaro le Pr Bellemans. Nous soupçonnions donc l’existence d’une structure pouvant être abîmée en même temps que le ligament croisé. Autre fait troublant: après un traumatisme, beaucoup de patients rapportaient une douleur très localisée sur la face externe du genou.» Autant d’indices qui les ont conduits sur les pas du Dr Segond. Ce chirurgien français avait repéré en 1879 une «bande fibreuse, résistance et nacrée » sur la face antéro-latérale du genou. Mais ses travaux sont tombés dans l’oubli, jusqu’à ces dernières années.

Plusieurs raisons permettent d’expliquer que l’on ait si longtemps pu passer à côté de ce ligament. «Il est très difficile à repérer car il est caché sous plusieurs couches de tissus mous, explique le Pr Bellemans. Par ailleurs, les scanners actuels ne permettent pas de le voir car ils ne proposent que des coupes horizontales, verticales ou sagittales. Or le ligament est disposé en oblique. Enfin, la pratique courante de l’arthroscopie, une technique chirurgicale qui ne nécessite qu’une ou deux petites incisions pour opérer un genou, a tenu les chirurgiens éloignés de cette partie de l’articulation ces trente dernières années ».

Déjà des opérations en France

Étonnamment, l’enveloppe articulaire dans laquelle s’insère le «nouveau » ligament fait déjà l’objet d’opérations réparatrices en France depuis près de quarante ans. «Dans environ 15 % des cas de rupture du ligament antérieur croisé, on intervient également sur la capsule externe du genou en y apposant du tendon prélevé ailleurs, indique le Dr Philippe Beaufils, chirurgien orthopédiste à l’hôpital André-Mignot de Versailles. Cela réduit les problèmes de ressaut chez le patient. Nous soupçonnions donc qu’il se passait quelque chose de spécial par-là. D’une certaine façon, on a fait les choses à l’envers, en inventant une thérapeutique avant de savoir exactement de quoi il s’agissait.»

Le Pr Bellemans, au fait de cette spécificité de la chirurgie française, pense néanmoins que ses travaux permettront d’affiner la technique «puisque nous décrivons précisément où opérer et comment y parvenir ». Cela pourrait aussi lever certaines réticences à l’étranger, notamment aux États-Unis, où les chirurgiens se méfieraient de la technique française, craignant qu’elle ne crée de l’arthrose

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