pincez tomates, aubergines, melons & Co

juin 15th, 2014

 

Sous réserve qu’ils aient été épargnés par les terribles orages de grêle de ce week-end de Pentecôte, les «légumes d’été» ont maintenant besoin d’être délestés d’une partie de leur végétation. Un peu comme les arbustes de printemps, il y a un mois, Sauf qu’au lieu de grosses cisailles et de taille-haie, le jardinier se contentera de donner par-ci, par-là quelques judicieux coups d’ongles, de couteau ou de ciseaux. À la différence de trop nombreuses haies de troènes ou de thuyas, soumises à de sévères «coupes au carré» (je laisse de côté l’art topiaire pratiqué sur les ifs ou les buis), le but de la taille -ou du pincement- de ces plantes légumières ne consiste pas à «faire propre», mais à optimiser la circulation de la sève en vue obtenir des fruits aussi beaux que savoureux. Mais attention: on ne pince pas de la même façon une tomate, une aubergine ou un melon. Voici pour chacun d’eux la marche suivre.

Au potager
• Tomate: chassez les «gourmands».

 

L’opération consiste à faire régulièrement la chasse aux «gourmands», autrement dit à supprimer les ramifications secondaires qui poussent à l’aisselle des feuilles le long de la tige principale. Livré à lui-même, un pied de tomate prend vite un aspect buissonnant avec des fruits tardifs et de petite taille. En outre, la densité du feuillage est propice au développement de maladies redoutables comme le mildiou. Personnellement, je ne garde qu’une tige ,voire deux avec certaines variétés comme la Cœur de bœuf qui ont tendance à se ramifier spontanément. En règle générale, il est préférable de pincer les gourmands lorsqu’ils sont encore jeunes et tendres. Cela évite de faire des plaies trop importantes qui mettent du temps à cicatriser et peuvent, là aussi, servir de porte d’entrée aux maladies. Un passage hebdomadaire tout au long de la saison est une bonne cadence, car les gourmands ne s’arrêtent jamais de pousser ni même de repousser là où vous les avez taillés quelques semaines plus tôt! Si vous vous laissez déborder, du fait d’une absence prolongée par exemple, sécurisez votre intervention en pulvérisant après coup de la bouillie bordelaise, célèbre fongicide à base de cuivre autorisé en culture «bio».

La tomate étant une plante semi-rampante, profitez-en pour installer des tuteurs destinés à empêcher que les tiges et surtout les fruits traînent à terre et soient dévorés par les limaces. Les tuteurs métalliques en spirale, disponibles dans le commerce, font très bien l’affaire (voir photo ci-dessus). De même que les classiques piquets d’acacia ou de châtaignier que l’on ressort chaque année. Veillez à les planter à au moins 15 centimètres de la base du pied pour ne pas endommager les racines.

• Aubergine: favorisez la ramification.

 

À l’instar de sa cousine la tomate, la jeune aubergine a besoin que vous la délestiez des gourmands qui poussent à l’aisselle de ses feuilles. En revanche, dès que la première ou la deuxième fleur (dans le midi de la France) apparaît le long de la tige principale, il vous faudra sectionner cette dernière à 2 centimètres au-dessus du bourgeon situé juste après ladite fleur. Le tout afin de susciter la pousse de rameaux secondaires. Et d’accroître le potentiel de fructification. Ne conservez sur chaque pied que trois à quatre tiges latérales que vous taillerez là encore après la première feuille qui suit la deuxième fleur. Éliminez régulièrement toutes les autres branches et gourmands.

• Cucurbitacées: tout pour les fleurs femelles!

La taille du melon est vivement recommandée au nord de la Loire, où la saison chaude est relativement courte, afin de hâter l’arrivée des fleurs femelles qui n’apparaissent qu’à partir de la troisième ramification. En procédant de la sorte les futurs fruits auront toutes les chances de mûrir avant… les premières gelées. Précisons que le melon est, comme toutes les autres cucurbitacées, une plante monoïque, c’est-à-dire dotée de fleurs mâles et femelles distinctes cohabitant sur un même pied – à ne pas confondre avec les plantes dioïques (kiwi, ortie, houx…) qui se divisent en individus mâles et femelles, à la manière des animaux.

Commencez par tailler votre jeune plant de melon au dessus de la deuxième vraie feuille dès qu’il en a déjà produit au moins 4 ou 5 (voir infographie ci-dessous). Recommencez l’opération sur les rameaux secondaires en les pinçant au dessus de la 3e feuille dès que la 5e est apparue. Procédez de la même manière avec les rameaux issus de cette deuxième taille. Lorsque les fleurs femelles sont fécondées et que les petits melons grossissent, coupez les rameaux à deux feuilles au-dessus du jeune fruit. En n’en gardant que 3 à 4 par plant vous remplirez toutes les conditions requises pour récolter des melons bien sucrés et d’un calibre acceptable.

 

La pastèque n’a pas besoin d’être pincée, sauf dans la moitié nord où les températures sont limites pour ce fruit typiquement méditerranéen. Comme pour le melon, étêtez le jeune pied au dessus de la 4e feuille, puis sectionnez les longues tiges rampantes qui en résultent à 2 feuilles au-dessus des jeunes fruits lorsqu’ils atteignent la taille d’une balle de tennis. Autre cucurbitacée célèbre, la courgette se passe également de taille, sauf les variétés dites coureuses qui, à l’instar des courges, des potirons et des concombres, se conduisent comme le melon. Sauf que l’on se limite à deux tailles de ramification au lieu de trois.

• Poivrons et piments : taille indispensable au nord de la Loire. Proches parents de la tomate, ces végétaux de la famille des solanacées ont besoin eux aussi de quelques coups de ciseaux lorsqu’ils poussent dans la partie nord du pays. Le principe est très simple: lorsque les jeunes fruits sont bien formés, il suffit de sectionner la branche qui les porte à une feuille au-dessus du dernier d’entre eux. Ne conserver que 12 à 15 poivrons ou piments par pied.

Dans vos massifs
• Déterrez (ou non) vos bulbes de tulipes.

 

Attendez pour cela que les feuilles aient bien séché. C’est-à-dire qu’elles aient fini de remplir leur office. Une fois les fleurs fanées, ce sont elles en effet qui, par le biais de la photosynthèse, fournissent aux tulipes l’énergie nécessaire pour former les nouveaux bulbes qui illumineront massifs et plates-bandes au printemps 2015. En attendant, entreposez ces derniers au frais dans votre cave dans une caisse remplie de tourbe ou de terreau pour qu’ils ne se déshydratent pas trop. Mais vous pouvez tout aussi bien les laisser en terre, à l’instar des crocus, des jonquilles ou des narcisses, si leur emplacement vous convient et s’ils sont suffisamment espacés. Vous n’aurez plus qu’à planter dans les espaces libres des annuelles type bégonias, capucines, soucis, cosmos, ficoïdes, pétunias et même de jolis bulbes d’été: il y a l’embarras du choix! Les oignons de tulipe entrant en dormance jusqu’à la fin de l’hiver prochain, ils ne concurrenceront en rien vos nouvelles plantations. Procédez par la suite à un binage superficiel pour ne pas les déterrer ou les abîmer avec la lame de l’outil.

• Surveillez les criocères du lis.

 

Ce beau petit coléoptère rouge vermillon (Crioceris lilii) est une véritable calamité pour les lis et les fritillaires dont il dévore goulûment feuilles et boutons floraux. Originaire d’Asie, le goinfre a débarqué en Europe il y a une dizaine d’années où il se reproduit à grande vitesse (une femelle pond entre 200 et 300 œufs). À ce jour, la lutte manuelle reste le meilleur moyen de s’en débarrasser. Soyez attentifs: lorsqu’ils se sentent menacés, les adultes ont la fâcheuse manie de se laisser tomber au sol où il devient alors très difficile de les repérer, surtout si la végétation est dense. Quant aux larves, elles se cachent sous… leurs excréments bruns et visqueux collés aux feuilles. Prenez des gants!

 

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