déjouez les attaques des parasites

juin 11th, 2014

 

 

Le retour du soleil fait du bien à tout le monde. Les hommes, trop longtemps sevrés de chaleur, ressortent le linge d’été, s’attardent sur les terrasses, pensent déjà aux vacances… Les oiseaux (à commencer par le coq!) ne se sentent plus de joie entonnant, dès la pointe du jour, avec une ardeur décuplée, un de ces concerts improvisés dont ils ont le secret. Le soir, c’est au tour des grillons de donner de la «voix». Les mélodieuses stridulations que ces braves insectes émettent en frottant leurs élytres l’un contre l’autre, bercent le silence des courtes nuits d’été.

 

Les plantes ne sont pas en reste. En un rien de temps, les coréopsis ont repris des couleurs, leurs boutons prêts à éclore. Une fois n’est pas coutume: ils ont été doublés cette année par les alstrœmères (ou lis des Incas), épargnés par la douceur exceptionnelle de l’hiver. Les fleurs jaunes, roses ou oranges, aux pétales finement striés de brun de cette superbe amaryllidacée, illuminent massifs et plates-bandes au côté des lychnis coronaria, dont les pétales fuchsias tranchent avec le beau vert argenté de leur feuillage.

 

Pour le jardinier, tout irait bien dans le meilleur des mondes si les parasites ne profitaient pas, eux aussi, de ces conditions estivales pour croître et se multiplier. De fait, les températures élevées, enregistrées ce vendredi après-midi par Météo Consult (28°C en Ile-de-France, 30° C en Rhône-Alpes et 33°C en Aquitaine), le tout dans un air chargé d’humidité, sont une aubaine pour la vermine et les moisissures dont on peut craindre une explosion dans les jours à venir.

Partant du principe qu’«il vaut mieux prévenir que guérir», voici quelques conseils destinés à vous aider à préserver votre jardin des attaques, parfois sournoises, de ces empêcheurs de pousser et fleurir en rond.

Dans vos massifs
• Surveillez l’oïdium et le marsonia noir du rosier. Causé par plusieurs espèces de champignons microscopiques, l’oïdium, ou maladie du blanc, apprécie particulièrement la chaleur. Le feutrage blanc caractéristique qui colonise feuilles et boutons, se développe lors d’alternance d’épisodes humides et secs comme c’est le cas en ce moment. Une pulvérisation de soufre appliquée le soir ou le matin, permettra de prévenir efficacement de futures attaques. Ce traitement, à renouveler chaque semaine si nécessaire, est compatible avec l’agriculture biologique. En revanche, il est insuffisant si l’oïdium est déjà bien installé (plus de 15 % des parties aériennes atteintes). Dans ce cas, mieux vaut recourir à un fongicide de synthèse à base de myclobutanil, de mancozèbe ou de difénoconazole, surtout si vous avez des variétés sensibles.

 

La maladie des tâches noires du rosier, ou marsonia, également très courante au début de l’été, est provoquée par le champignon Marssonina rosæ. La lutte préventive, là encore à base de soufre ou de bouillie bordelaise est d’autant plus indiquée que les traitements curatifs ne font pas disparaître les tâches qui subsistent tout l’été. Les dégâts sont importants, la chute des feuilles pouvant compromettre la floraison des variétés remontantes et affaiblir le pied. En curatif, seuls les traitements anti-oïdium cités plus haut permettent d’en venir à bout.

• Ne laissez pas «rouiller» vos roses trémières. Le champignon Puccinia recondita, responsable de la maladie dite de la rouille, est sans conteste l’ennemi public numéro 1 des majestueuses Alcea rosea qui donnent un cachet si singulier aux villages de la côte atlantique, comme Noirmoutiers-en-l’Ile ou Saint-Martin-de-Ré. En presque autant de temps qu’il en faut pour l’écrire, les feuilles de vos roses trémières, aujourd’hui si pimpantes, peuvent se couvrir de pustules orangées, jaunir et tomber. Ramassez-les dès que possible et brûlez-les pour éviter la contagion. Puis procédez à un traitement systémique à base de myclobutanil pour éviter que vos belles ne se retrouvent entièrement dégarnies.

Au potager
• Doryphores: sus à l’envahisseur!

 

Ce coléoptère (Leptinotarsa decemlineata) aux élytres blancs rayés de noir est un grand voyageur. Originaire du Mexique, il infeste dès le 19e siècle, les champs de pommes de terre implantés aux États-Unis avant de partir à la conquête de l’Europe au sortir de la Première guerre mondiale. Les anciens se souviennent encore du traumatisme causé par son arrivée. Les dégâts sont tels que les enfants sont dispensés de classe pour aller exterminer à la main les larves et les adultes de ce redoutable défoliateur. Si seulement le doryphore s’attaquait au chiendent, au liseron ou autre «mauvaise herbe» aussi envahissante que lui, mais non! Le goinfre qui, au passage, aurait pu faire un excellent désherbant «bio», ne mange que plantes de la famille des solanacées, comme les pommes de terre ou les aubergines. Et avec quel appétit: un seul doryphore adulte engloutit 120 cm2 de feuilles en un mois. Dans une expérience récente, Arvalis, l’Institut technique du végétal, a montré que 40 larves installées sur un pied de pomme de terre, diminuent sensiblement le calibre des tubercules et font chuter le rendement de moitié! Même si les jardiniers du 21e siècle ne vivent pas, comme autrefois, de leur récolte, il est tout de même rageant de voir le fruit de son labeur si lourdement grevé par les mandibules de l’ogre à six pattes. Pour ne rien arranger l’animal est prolifique: une seule femelle pond jusqu’à 800 œufs! C’est à cette époque de l’année, avec le retour de la chaleur, qu’il convient d’être vigilant. En particulier en Alsace et dans le sud de la France, où il est très présent.

 

Mais la moitié nord n’est pas épargnée, notamment lors des printemps chauds, comme ce fut le cas en 2010 et 2011. Les larves, de couleur rouge orangé, étant repérables de loin, Pierre Taupin, Ingénieur chez Arvalis, recommande «de détruire à la main les premiers foyers d’infection». Si vous vous êtes laissé déborder ou si vous avez une grande surface, quelques insecticides à base de cyperméthrine, notamment, restent encore disponibles dans la catégorie «jardins». En lutte préventive, Pierre Taupin invite les jardiniers à respecter «un délai de retour des pommes de terre d’au minimum quatre ans pour éliminer les adultes hivernant dans le sol». Ce spécialiste conseille également d’arracher les repousses et de ne pas travailler le sol de la parcelle jusqu’à la mi-août. La croûte dure qui se forme en surface entrave en effet la pénétration des larves qui ne pourront pas terminer leur cycle.

• Placez des bandes collantes jaunes. Les insectes, comme les mouches dont les asticots dévorent vos carottes ou les altises qui perforent les feuilles de vos radis, ont un point faible: ils sont irrésistiblement attirés par le jaune. En disposant à intervalle régulier des bandes plastiques de cette couleur, enduites de glu, que l’on trouve facilement dans le commerce, cette cohorte de ravageurs se fera piéger comme à la parade.

Au verger
Éclaircissez pommiers et poiriers. Pour récolter des fruits d’une taille convenable, il faut en éliminer un certain nombre. Pour cela, munissez-vous d’un sécateur ou d’une bonne paire de ciseaux et gardez le plus beau fruit, généralement situé au centre, plus un ou deux autres en fonction du calibre de la variété. Ne procédez jamais manuellement car vous risqueriez de sectionner la lambourde, le fragile rameau porte les fruits chaque année. La technique est la même sur le poirier sauf que le fruit à conserver se trouve sur le bord du bouquet. Profitez-en pour relever vos pièges à carpocapses : si trois papillons ont été pris dans la semaine vous devez traiter sans tarder pour ne pas avoir (trop) de fruits véreux.

 

Leave a Reply