Rosier : c’est le moment de planter le roi des jardins

novembre 19th, 2014

Rosier : c’est le moment de planter le roi des jardins
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Mis à jour le 14/11/2014 à 21:14
Publié le 14/11/2014 à 17:09

AU JARDIN CE WEEK-END – Chaque week-end, Marc Mennessier, journaliste au Figaro, ingénieur agricole et amoureux des plantes vous livre ses conseils et astuces pour faire de votre jardin un Éden.

Qu’il soit miniature, couvre-sol, buisson, arbuste (ou paysager), tige, demi-tige, pleureur, semi-pleureur, grimpant, liane, remontant ou non remontant, ancien ou moderne, à grandes ou à petites fleurs isolées ou groupées, le rosier est incontestablement le roi des jardins. Universellement cultivé, célébré et admiré, cet arbuste de la grande famille des rosacées (comme le pommier ou le framboisier) a inspiré de nombreux poètes depuis Pierre de Ronsard (1524-1585) avec ses fameux Sonnets pour Hélène («Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie») et le non moins célèbre Mignonne, allons voir si la rose en passant par Heinrich Heine («Les roses et les filles font resplendir le printemps»), Victor Hugo («Ce qui de ta beauté s’exhale nuit et jour, comme un parfum formé du souffle de cent roses»), Anatole France («C’est en croyant aux roses qu’on les fait éclore»), William Faulkner («Mon rêve était de vieillir avec mes livres parmi mes roses») et tant d’autres. Sans oublier ce magnifique proverbe chinois: «Il reste toujours un peu de parfum à la main qui donne des roses».

Rose hybride de thé

Il faut dire qu’avec leurs couleurs éclatantes d’une infinie variété, le délicat drapé de leurs pétales, leurs arômes puissants et enivrants et leur port majestueux, les roses sont le symbole même de l’élégance, capables d’enchanter aussi bien notre vue que notre odorat. Les prouesses réalisées depuis près de deux siècles par des générations de pépiniéristes (André Eve, Delbard, Guillot, Meilland, pour ne citer que les principaux) ont élargi de façon extraordinaire l’éventail des possibles pour le plus grand bonheur des jardiniers.

La création, en 1867, par le sélectionneur lyonnais Jean-Baptiste Guillot (1827-1893) de la première rose hybride de thé, la fameuse rose «France», issue d’une hybridation avec des variétés chinoises, fut un véritable tournant. Elle donna en effet naissance aux roses dites modernes (par opposition aux roses anciennes qui existaient avant cette date charnière) qui ont la capacité de fleurir abondamment et sans discontinuer du printemps jusqu’aux gelées, de s’adapter à la plupart des climats, de mieux résister aux maladies et d’exhaler des parfums inédits.

Minirosiers pour culture en pot
La période actuelle est particulièrement propice à la plantation des rosiers, au moins jusqu’aux premières gelées. Mais une session de rattrapage est possible à la fin de l’hiver et au début du printemps (février-mars) sous réserve de veiller à bien les arroser au cours de l’été.

L’incroyable diversité de types et de formes disponibles permet de les installer à peu près partout. En bordure avec les miniatures, en palissage le long d’une façade, d’une barrière ou d’une clôture avec des grimpants que l’on peut également lancer à l’assaut d’un arbre, d’une pergola ou d’un grand arceau. Certains rosiers lianes atteignent jusqu’à 10 m de hauteur! Dans vos massifs et plates-bandes vous avez l’embarras du choix avec les formes en buisson, arbuste, tige ou pleureur. Enfin pour tous ceux qui n’ont pas la chance d’avoir un jardin, les sélectionneurs ont créé des variétés de minirosiers spécialement adaptées à la culture en pot ou en jardinière.

Attention aux distances de plantation
Soyez attentifs aux distances de plantation en respectant un écartement de 50 cm entre deux rosiers buissons, le double pour des variétés à plus fort développement (arbuste, tige). Si vous choisissez d’intercaler des vivaces (campanules, alstrœmères, ancolies…) qui fleuriront avant l’éclosion de vos roses, rallongez de 50% environ. L’objectif est d’obtenir un bel effet de masse tout en maintenant une bonne circulation de l’air et éviter ainsi la propagation des maladies.

Les rosiers ayant besoin de soleil, réservez-leur les emplacements les mieux exposés, de préférence au sud notamment si vous habitez dans la moitié nord du pays. Certaines variétés comme «Félicité et Perpétue» ou «Ghislaine de Féligonde» supportent malgré tout la mi-ombre

«Habillez les racines»

Les pieds que vous trouverez dans le commerce sont conditionnés en racines nues, en motte ou en conteneur. Dans le premier cas, veillez à ce que les racines restent constamment humides une fois sorties de leur emballage. Raccourcissez, si nécessaire, les branches à 20-25 cm, juste au-dessus d’un beau bourgeon tourné vers l’extérieur et «habillez» les racines en éliminant celles qui sont abîmées ou trop longues (25 cm maximum). Puis pralinez-les dans une boue faite d’un mélange de terre ou de compost avant de les mettre en terre.

Les plants en motte ou conteneur demandent moins de préparation, les seconds pouvant même être plantés lorsque le rosier est en fleur. Veillez cependant à bien hydrater la motte en la trempant pendant dix bonnes minutes dans un seau d’eau pour assurer un bon démarrage.

Terrains argilo-siliceux
Le trou de plantation doit être deux à trois plus grand que le volume du pot ou des racines. Mélangez à la terre du compost bien décomposé et/ou du terreau voire de la tourbe ou de la terre de bruyère si votre sol est très basique. Peu exigeant, avec toutefois une préférence pour les terrains argilo-siliceux légèrement acides, le rosier n’appécie guère les sols calcaires où il souffre de chlorose (jaunissement des feuilles du au blocage de l’assimilation du fer). Ajoutez également un engrais de fond phospho-potassique (PK), bio ou non (le non bio est moins cher et sans risque pour l’environnement), deux éléments minéraux indispensables à la floraison. Par la suite vous veillerez à assurer une fertilisation régulière car le rosier est une plante gourmande, qui a besoin d’être correctement nourrie pour fleurir en abondance.

Placez ensuite le rosier au centre du trou en veillant à ce que le point de greffe (situé à la jonction entre les tiges et les racines) affleure bien en surface et en démêlant le chevelu racinaire si le plant est resté trop longtemps en pot. Comblez le trou avec la terre précédemment extraite et enrichie puis arrosez abondamment (10 à 20 litres d’eau par pied), même si le temps est à la pluie, afin de bien mettre les racines en contact avec les particules du sol. Enfin protégez le pied des rigueurs de l’hiver en confectionnant une petite butte de terre de 10 à 15 cm de haut qui se désagragera d’ici au printemps ou en le recouvrant d’une épaisse couche de paille ou de feuilles mortes.

Il ne vous reste plus ensuite qu’attendre bien sagement que l’hiver passe: rendez-vous au printemps pour un festival de parfums et de couleurs!

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