construisez votre châssis

février 1st, 2014

construisez votre châssis

Si vous n'avez pas la place ou les moyens de vous équiper d'une serre pour protéger vos plantations du froid, vous avez la possibilité de vous rabattre sur une installation plus modeste mais tout aussi efficace: le châssis.
 

Vous rêvez de manger vos premières laitues dès la fin avril? De croquer des radis bien fermes et juteux sans attendre la Saint-Glinglin? De maintenir au chaud vos pieds de tomates, de concombres ou de géraniums avant de les planter en pleine terre? Si vous n’avez pas la place ou les moyens de vous équiper d’une petite serre (idéale pour ce genre d’opérations), vous avez la possibilité de vous rabattre sur une installation plus modeste mais tout aussi efficace: le châssis.

Depuis que le réchauffement climatique défraie la chronique, le principe d’action de ces enceintes vitrées (le fameux effet de serre), n’a quasiment plus de secret pour personne. A l’instar de la vapeur d’eau, du CO2 ou du méthane présents dans l’atmosphère, le verre, le plexiglas ou le film de polyéthylène ont la propriété de laisser passer les rayons solaires mais de bloquer les infrarouges réémis par le sol. Résultat: l’air intérieur se réchauffe et les précieux degrés ainsi gagnés permettent d’avancer les récoltes d’au moins 15 jours tout en assurant une protection relative contre les gelées nocturnes tardives et, ce qui n’est pas à négliger, le vent.

● Choisir le bon emplacement

Les châssis du commerce étant hors de prix, la meilleure solution consiste, de mon point de vue, à fabriquer le vôtre vous-même. D’autant que ce n’est pas très difficile. Commencez d’abord par choisir un emplacement bien exposé, idéalement plein sud. Pour obtenir un bon effet de serre, le soleil doit pouvoir «taper» directement et le plus longtemps possible sur le châssis proprement dit, autrement dit la couverture de verre ou de plexiglas. Si vous avez des arbres, veillez à ce que leur ombre, très allongée lorsque les jours sont courts et le soleil bas sur l’horizon, n’occulte pas la lumière.

● Ne lésinez pas sur la qualité

Construisez ensuite, au moyen de planches de bois (acacia, châtaignier, mélèze, douglas…) ou de briques (pour bénéficier d’un meilleur coefficient thermique si vous vivez dans une région froide), le coffre rectangulaire qui supportera le ou les châssis. Ne lésinez pas sur la qualité des matériaux (les planches en aggloméré et contre-plaqué sont à proscrire): vous risqueriez d’avoir bientôt tout à refaire!

● Un coffre adapté à votre taille et à vos besoins

Prévoyez une largeur de 70 cm à 1 m maximum, selon votre taille, afin de pouvoir toucher facilement l’arrière du coffre avec vos mains. Pour éviter que les plantes touchent la vitre du châssis (ce qui peut gêner leur croissance ou les endommager), la hauteur de la partie avant du coffre ne doit pas être inférieure à 20 cm. Quant à la partie arrière, elle doit être plus haute de 15 à 20 cm afin que les châssis soient suffisamment inclinés pour laisser passer la lumière et permettre à l’eau de pluie de s’écouler convenablement. De son côté, la longueur du coffre dépendra de la place dont vous disposez et de vos besoins. En tout état de cause, elle doit être égale à un multiple de la largeur unitaire de vos panneaux. Par exemple, si vous prévoyez 4 châssis de 60 cm de large, le coffre devra mesurer 2,40 m de long. Pour finir, fixez un chevron (4 X 4 cm de section pour 50 cm de long à l’avant, 65 cm à l’arrière) épointé à la base, aux quatre coins du coffre en laissant un espace de 2 cm sur le bord supérieur. Enfoncez ensuite délicatement les chevrons dans la terre à l’aide d’un maillet, plutôt que d’une masse métallique, pour éviter de fendre le bois.

● Du plexiglas plutôt que du verre

Le cadre des châssis, en bois lui aussi (tasseaux de section 35 X 35 mm), doit correspondre aux dimensions intérieures du coffre. Choisissez une couverture en plexiglas, plus léger et surtout moins fragile et moins dangereux que le verre, surtout si vous avez des enfants en bas âge. Un film de polyéthylène transparent

Un film de polyéthylène transparent peut remplacer le verre ou le plexiglas, mais il a l'inconvénient de se déliter et de devoir être changé au bout d'un an ou deux.
 

suffisamment épais peut également convenir. Facile à poser, au moyen d’agrafes par exemple, ce matériau a l’inconvénient de se déliter rapidement au contact de la lumière, vous devrez donc le changer tous les un à deux ans en moyenne.

Une fois terminés, les châssis sont fixés par des charnières à l’arrière du coffre. Pensez également à installer, à l’aide de clous, sur le pourtour intérieur du coffre, à environ 2 cm du bord supérieur, des tasseaux carrés d’environ 25 mm de section sur lesquels les châssis viendront se poser. Prévoyez une poignée pour les ouvrir facilement ainsi que des buttées pour les laisser entrouverts, en particulier au printemps lorsqu’il faut évacuer l’excès de chaleur.

● «Radiateur biologique»

À condition de disposer de fumier frais (cheval de préférence) en quantité suffisante, vous avez la possibilité d’installer un système de chauffage naturel que les jardiniers appellent une couche chaude. Ce «radiateur biologique» ne fonctionne ni au fuel ni au gaz mais avec la chaleur dégagée par la décomposition du fumier sous l’action de certains micro-organismes. Creusez pour cela un trou d’environ 60 cm de profondeur sur toute l’emprise du coffre que vous remplirez de fumier sur environ 40 cm. Après avoir copieusement arrosé, de manière à démarrer la fermentation, vous finirez de combler le trou avec un mélange d’environ 20 cm de terreau et de terre de jardin sur lequel vous réaliserez vos semis et plantations. Mais pas tout de suite! Car dans un premier temps la température grimpe en flèche, aux alentours de 50°C voire plus. Avant de planter vos salades ou de semer vos carottes primeurs vous devrez attendre une à deux semaines que la température se stabilise autour de 20-25°C. Cette chaleur bienfaitrice peut se maintenir à ce niveau pendant près d’un mois même au plus fort de l’hiver, avant de redescendre autour de 15 à 20°C pendant les deux mois suivants.

fonctionnement d un chassis de jardinier

● Une gestion délicate

Les couches chaudes, largement employées jusqu’au début du siècle dernier par les maraîchers des grandes ceintures urbaines, notamment autour de Paris, pour fournir aux citadins des légumes frais à la mauvaise saison, requièrent la plus grande attention. Car si les plantes craignent le froid, elles peuvent aussi cuire littéralement sur place si l’enceinte se tranforme en sauna (au delà de 40°C la croissance est stoppée, l’optimum se situant entre 25 et 35°C selon les espèces). Vous devrez donc réguler la température en entrouvrant les châssis pendant la journée si le soleil donne un peu trop et, à l’inverse, en les fermant la nuit pour éviter qu’elle ne descende trop bas. La même vigilance est de rigueur, quoique avec moins d’acuité, pour les châssis dépourvus de couche chaude ou les tunnels plastiques. En mars-avril, vous devrez penser à les ouvrir, avant de vous rendre le matin au travail, si la journée s’annonce chaude puis à les refermer le soir si la météo prévoit une gelée nocturne. Les plantes étant couvertes, il conviendra également de les arroser régulièrement. Autant de gestes et d’attention qui peuvent paraître très chronophages. Mais quand on aime, on ne compte pas!

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