les maladies s’en donnent à cœur joie

août 22nd, 2014

 

 

Pluie, soleil, pluie, soleil, pluie… Depuis quelques semaines, le temps nous joue une drôle de comédie: la chaleur, étouffante, laisse place subitement à des orages parfois violents, ponctués d’averses diluviennes, avant que le beau temps ne revienne presque aussi vite et ainsi de suite. D’après les prévisions de Météo Consult, ce chassé-croisé entre soleil et nuages qui a rythmé ce mois de juillet 2014 dans bon nombre de régions françaises, devrait jouer les prolongations ce week-end et une partie de la semaine prochaine. De quoi s’arracher les cheveux!

Certes la végétation est magnifique. Dans cette ambiance quasi tropicale, la pelouse est si verte que l’on se croirait au mois de mai. La rhubarbe, qui a plutôt tendance à somnoler gentiment sous la canicule, arbore cet été des feuilles au limbe démesuré avec des pétioles presque aussi larges qu’un manche de bêche! On salive déjà en pensant aux délicieux crumbles que l’on devrait, au train où vont les choses, déguster sans tarder.

Dahlias pétants de santé

Au pied des rosiers-tiges, les coréopsis ont tellement poussé qu’il faut les empêcher, par quelques judicieux coups de ciseaux, d’étouffer les lobélias et les pélargoniums (géraniums) voisins. Les alstrœmères, ou lis des Incas, entament gaillardement leur deuxième floraison. Et que dire de ces dahlias jaunes, pétants de santé et de sève dont les fleurs, aussi grandes que la main, sont comme autant de soleils illuminant les massifs.

Tout irait à peu près bien dans le meilleur des mondes si les micro-organismes vecteurs de maladies, comme les champignons, ne s’en donnaient également à coeur joie. D’ailleurs pourquoi s’en priveraient-ils? Les conditions climatiques sont idéales pour eux aussi.

Résultat: le jardinier, soucieux de préserver une partie au moins de ses récoltes, passe son temps à «sortir» le pulvérisateur! Un coup, c’est pour tenter de juguler un début d’attaque de mildiou sur les tomates, un autre pour prévenir l’apparition de la moniliose sur les pommiers, les poiriers et le pêcher, un autre pour empêcher la rouille de déplumer entièrement les roses trémières…

Bios purs et durs

Face à ce déferlement, on se demande comment les bio purs et durs font pour s’en sortir. Non seulement leur panoplie est très réduite (bouillie bordelaise et soufre principalement) mais les fongicides qu’ils s’autorisent à employer sont très peu rémanents, de sorte qu’ils doivent traiter à chaque fois qu’il se remet à pleuvoir. Chronophage…

Comme si cela ne suffisait pas, l’oïdium se met à faire des siennes. Les premières tâches circulaires, blanches et poudreuses, caractéristiques de cette plaie, ont fait leur apparition dernièrement sur un pied de concombre en pleine fructification ainsi qu’à la base des asters et des phlox, espèces particulièrement sensibles. Sans parler du rosier grimpant, aux ravissantes petites fleurs fuchsia, ramené de Corrèze il y a quelques années, mais qu’il faut constamment protéger contre les filaments mycéliens du parasite qui pompent sa sève, l’épuisent et le privent de son éclat quand il ne détruit pas carrément ses boutons floraux. Pas étonnant, que certains viticulteurs installent encore des rosiers en tête de leurs rangs de vigne. De part leur vulnérabilité, ils agissent comme des vigies sanitaires qui les alertent de la venue imminente de l’envahisseur.

L’oïdium, ou maladie du blanc

L’oïdium, ou maladie du blanc, est en fait le nom verniculaire de plusieurs espèces de champignons appartenant à la famille des Érysiphacæ. Celui de la courgette (Podosphæra leucotricha) n’est pas le même que celui du concombre (P. fusca), de la tomate (Leveillula taurica) ou du rosier (Erysiphe poeltii). Par chance, tous sont sensibles aux mêmes «remèdes». En outre ils sévissent à peu près en même temps. Mais il faut faire vite et agir si possible préventivement en raison de leur grande contagiosité. C’est le cas notamment sur les cucurbitacées lesquelles risquent de végéter jusqu’à l’automne et de perdre en qualité. Gustativement parlant, vos pieds de melons, privés de feuilles, donc de photosynthèse et donc, in fine, de sucres, risquent de ressembler à… des courges.

Du soufre plutôt que du lait
La première chose à faire consiste à couper délicatement les feuilles malades le plus près possible de la tige au moyen d’un canif ou d’un sécateur, préalablement désinfecté à l’alcool, puis à les brûler ou à les jeter aux ordures. Ne les mettez surtout pas sur votre compost car vous contribueriez ainsi à disséminer les spores du champignon.

Ensuite vous avez plusieurs possibilités. Certaines, que je n’ai pas testées, consistent à pulvériser du lait, du bicarbonate de soude ou du bicarbonate de potassium. Pour plus de sécurité, optez pour une spécialité à base de soufre (compatible avec le «bio»), si l’attaque n’en est qu’à ses débuts. Autrement vous avez tout intérêt à stopper la contamination en frappant plus fort avec un traitement «chimique» à base de myclobutanyl, par exemple. Attendez entre 5 et 10 jours avant de consommer à nouveau vos légumes dont vous prendrez soin de bien laver la peau.

 

Leave a Reply