profitez du retour du soleil pour désherber

mars 6th, 2015

profitez du retour du soleil pour désherber

ingénieur agricole et amoureux des plantes vous livre ses conseils et astuces pour faire de votre jardin un Éden.

Ça y est! La pluie semble se décider à faire une pause au cours de ce long week-end de l’Assomption. En plus de faire du bien au moral, ce bref retour du soleil sera l’occasion pour les jardiniers de faire un peu de ménage dans les massifs et le potager. Ce ne sera pas du luxe! Les herbes indésirables, pour ne plus dire «mauvaises», ont en effet profité des intempéries -et de l’impossibilité de sarcler les sols détrempés- pour croître et se multiplier bien au delà de ce qui peut être considéré comme acceptable.

Heureusement, les terrains étant très humides, ces sauvageonnes s’arrachent facilement. À condition de s’en saisir d’une main ferme à la base du pied et de tirer prestement vers le haut, laiterons, séneçons, graminées estivales (digitaires, sétaires…), amaranthes, morelles, mercuriales et autres chénopodes n’opposent guère de résistance. Même les pissenlits et les renoncules rampantes (Ranunculus repens), d’ordinaires très coriaces, se laissent extirper sans trop de mal. Dans le cas contraire, n’insistez pas. Aidez-vous d’une gouge ou d’une houe pour extirper le maximum de leurs racines solidement ancrées dans le sol, autrement elles repousseront aussi sec!

Ensuite, dès que les sols seront suffisamment ressuyés, il faudra passer la binette ou la sarclette un peu partout. Ceci afin de venir à bout des jeunes plantules qui ne vont pas tarder à lever en masse. Sachez que chaque mètre carré de sol renferme de l’ordre de 10.000 à 100.000 graines d’herbes sauvages dont le retour, même timide, de la chaleur et de la lumière va fatalement accélérer la germination.

Si vous utilisez une rotobineuse mécanique éviter d’utiliser cet engin dans les zones infestées de chiendent. Cette graminée, dont il existe plusieurs espèces, à la capacité de se reproduire par marcottage. En découpant ses tiges rampantes ou ses rhizomes en petits morceaux, les dents de votre motoculteur dupliqueront l’envahisseur en une multitude de copies qui repousseront à la première occasion. Mieux vaut, dans ces conditions, repérer la touffe, l’arracher avec une fourche-bêche, puis retirer le maximum de tiges et de feuilles pour éviter qu’elles ne prennent racine. Après les avoir fait sécher plusieurs jours au soleil, pour bien les occire, vous les brûlerez ou les jetterez dans la poubelle «verte». Ces précautions valent aussi pour les renoncules rampantes.

Les liserons nécessitent également un traitement à part. Le temps frais et humide de ces dernières semaines les a rendus plus exubérants que jamais. Leurs tiges, longues comme un jour sans pain, rampent parfois sur plusieurs mètres quand elles n’ont pas entrepris d’escalader les roses trémières et les framboisiers. Par endroit, ces végétaux quasi reptiliens, de par leur capacité à s’enrouler autour de tout ce qui passe à leur portée, ont entièrement recouvert le grillage. L’ennui avec eux, c’est qu’ils finissent par étouffer, en les privant de lumière, les plantes qu’ils utilisent comme support. Les éliminer ou tout du moins leur imposer des limites, comme on le ferait pour des enfants trop turbulents, n’est pas simple. Leurs racines, cassantes comme du verre, sont si profondément ancrées dans le sol que seul un coup de désherbant systémique type glyphosate ou 2,4 D peut stopper, ou tout du moins freiner, leur course folle. Car ils finissent toujours par repousser. À défaut, arrachez au moins leur végétation (les lapins -et certains humains semble-t-il- adorent ça!) et surtout leurs fleurs avant qu’elles ne grainent. Une précaution qui vaut d’ailleurs pour toutes les autres adventices, en particulier les chardons ou les rumex, si vous ne voulez pas enrichir le stock de semences sauvages de votre sol. Ou celui de vos voisins…

Dans vos massifs
• Plantez ou divisez les iris.

C’est la dernière limite. En vous y prenant maintenant, ces belles liliacées auront le temps de bien s’enraciner avant l’hiver pour donner leur pleine mesure au printemps prochain. Plantez les sujets que vous vous serez procurés en jardinerie, à bonne exposition, dans un sol meuble et aéré. En terrain lourd, ajoutez du sable grossier (diamètre compris entre 2 et 4,5 mm) afin d’améliorer le drainage: les iris détestent rien tant que garder trop longtemps leurs rhizomes dans l’eau. Les touffes les plus anciennes (3 à 4 ans), celles dont le système racinaire s’est trop étendu et densifié, ont besoin d’être divisées pour retrouver toute leur floribondité. Déterrez les rhizomes au moyen d’une fourche-bêche en attaquant toujours par la périphérie. C’est là, en effet, que se trouvent les pousses de l’année les plus vigoureuses. Sectionnez-les au couteau ou à la main à leur point d’embranchement. Coupez les feuilles sur les deux tiers de leur hauteur afin de limiter l’évaporation. Plantez-les ensuite en rond, par groupe de 4 ou 5, les feuilles tournées vers l’extérieur.

• Coupez les fleurs fanées. C’est la condition sine qua non pour garder son jardin fleuri tout l’été. Autrement, rosiers, dahlias, œillets, cosmos, rudbeckias, géranium et autres gazanias, passeront le reste de la saison à fabriquer leur graines en se souciant comme d’une guigne de l’esthétique de vos massifs. En sortant ciseaux ou sécateurs, vous les forcerez à repartir à la noce, autrement dit à fleurir à nouveau, pour accomplir la seule chose qui vaille pour elles: la perpétuation de l’espèce. Les plantes à bulbes ou bisannuelles n’échappent évidement pas à la règle. En coupant les hampes de sauges et de lavandes défleuries vous n’obtiendrez pas forcément de seconde floraison mais vous aiderez les pieds à reprendre des forces avant d’attaquer l’hiver. Même chose avec les glaïeuls qui reconstitueront des bulbes vigoureux pour la saison prochaine.

Au potager
Récoltez vos tomates avant… le mildiou.

Si, le mauvais temps aidant, cette redoutable maladie a déjà attaqué vos pieds de tomates, en dépit des traitements au sulfate de cuivre appliqués en préventif, ramassez les fruits même s’ils ne sont pas tout à fait mûrs. Le parasite (Phytophtora infestans)risque en effet de les contaminer et de les faire pourrir irrémédiablement. Pour celà, cueillez vos tomates dès qu’elles commencent à peine à jaunir et placez-les dans une cagette à la lumière mais pas en plein soleil où elles risqueraient de brûler. Jetez sytématiquement celles qui présentent des taches brunes (voir photo ci-contre) car elles risquent d’infecter les autres. En quelques jours elles deviendront bien rouges (ou jaunes ou roses selon la variété) et -détail important- n’auront rien perdu de leur saveur. Profitez de la cueillette pour couper, au moyen d’une paire de ciseaux ou d’un sécateur, toutes les feuilles et les tiges malades, puis tentez de juguler l’épidémie en appliquant un fongicide à base de myclobutanyl en respectant bien la dose indiquée sur l’emballage. Respectez un délai d’au moins 5 jours avant de procéder à une nouvelle récolte.

 

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