Comment aider le médecin à mieux traiter vos douleurs ?

octobre 26th, 2013

Comment aider le médecin à mieux traiter vos douleurs ?

– le 24/10/2013
AVIS D’EXPERT – Il suffit que les douleurs soient mal définies ou les symptômes mal interprétés pour que l’erreur de diagnostic fausse le traitement, rappelle le Pr Richard Trèves, Rhumatologue au CHU de Limoges.

La douleur, au-delà de la souffrance physique, ponctuelle, ciblée, peut devenir une obsession et, pour certains, un véritable martyre quand toutes les tentatives thérapeu­tiques se révèlent vouées à l’échec. Au point que ces patients douloureux ont l’impression de ne pas être toujours écoutés ni surtout compris. Or, dans certains cas, il suffirait simplement que médecin et patient dépassent l’aspect émotionnel de la douleur pour la traiter comme n’importe quelle maladie.

Il suffit en effet que les douleurs soient mal définies ou les symptômes mal interprétés pour que l’erreur de diagnostic fausse le traitement. C’est pourquoi le médecin doit d’abord laisser parler son patient pour poser les bonnes questions qui lui permettront, dans un premier temps, de différencier les douleurs dites nociceptives (d’origine articulaire: l’arthrose, l’arthrite…), viscérales (l’infarctus), osseuses (fractures ostéoporotiques ou cancer des os), des douleurs neuropathiques (par atteinte neurologique, comme la sciatique, opérée ou non, le canal carpien, les suites d’un accident vasculaire cérébral, les séquelles d’un zona, etc.).

À chaque type de douleur, son traitement: contre les douleurs nociceptives, on utilise de préférence les antalgiques, du moins ceux qui sont encore commercialisés…, les anti-inflammatoires, voire la cortisone. Contre la douleur neuropathique, certains antiépilep­tiques ont une réelle action thérapeu­tique, et s’il arrive qu’on utilise des antidépresseurs, c’est qu’ils sont efficaces contre ces douleurs sans pour autant qu’elles soient «dans la tête»…

À chaque étape médicamenteuse et, en fonction des situations, après que le diagnostic a été posé et que les examens médicaux ont été scrupuleusement vérifiés, nous associons souvent des thérapies complémentaires comme les massages, l’acupuncture, le thermalisme, et nous recommandons des techniques relaxantes comme le yoga ou le taï-chi, par exemple. Nous conseillons aussi toujours de bouger, de faire de l’exer­cice, la sédentarité étant souvent une des causes des douleurs de nos contemporains…

Idées reçues

Il peut arriver que les traitements soient mal tolérés et provoquent des nausées, vomissements, diarrhées ou constipation, troubles de la mémoire ; ce sont malheureusement ces effets indési­rables qui finissent parfois par obliger le médecin à choisir des alternatives pas toujours médicamenteuses.

Le praticien doit aussi tenir compte de possibles contre-indications. On sait que les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) peuvent provoquer des saignements chez les patients sous anticoagulants ; en cas de diabète, la cortisone entraîne un risque d’hyperglycémie. Il est très difficile de soulager les douleurs des insuffisants rénaux, dans la mesure où les médicaments puissants de la douleur de niveau II (codéine, Tramadol) ou de niveau III (opioïdes forts) peuvent, en raison d’un mauvais état rénal, s’accumuler dans l’organisme. Enfin, certains patients souffrant d’allergies ou atteints de maladies génétiques ne peuvent tout simplement pas supporter les médicaments antidouleur.

Le médecin peut se heurter aussi à des idées reçues, car la douleur suscite des rumeurs d’autant plus fantaisistes que chaque cas est particulier et qu’il ne suffit pas de faire partie du clan des «tamalou» pour détenir la recette miracle… Sans compter les personnes qui refusent de se soigner par principe, ayant été éduquées dans l’idée que la douleur est une épreuve qu’il faut accepter en silence… Ou par peur d’on ne sait quel effet d’autant plus terrible qu’il est infondé scientifiquement. Inversement, le médecin doit expliquer au patient qu’il faut éviter de prendre trop de médicaments, leur accumulation risquant de provoquer des effets antagonistes souvent encore plus dangereux et difficiles à rattraper.

Éducation thérapeutique

Enfin, il ne suffit pas d’acheter les médicaments, encore faut-il suivre la prescription avec rigueur. On dit volontiers que les Français sont les plus gros consommateurs de médicaments, notamment antidouleur, mais combien de boîtes entamées dorment dans les armoires à pharmacie? Un patient sur deux ne respecte ni les doses, ni la durée prévue du traitement… Et retourne chez son médecin en se plaignant de souffrir!

La douleur doit être considérée comme une maladie chronique, et le médecin ne peut plus se contenter d’être seulement prescripteur pour devenir «éducateur thérapeutique». Traiter, c’est choisir le bon traitement, tenir compte du «terrain» de chaque patient, prendre en considération les autres maladies déjà sous médicaments ; c’est faire comprendre que la bonne prise, sa régularité et sa durée restent garantes d’une meilleure efficacité.

Leave a Reply