sept conseils pour récolter de bonnes tomates

juin 13th, 2015

sept conseils pour récolter de bonnes tomates

Il ne suffit pas de cultiver des tomates dans la bonne terre de votre jardin pour qu'elles aient du goût. Crédit photo: nociveglia sous licence Creative commons.

AU JARDIN CE WEEK-END- Chaque week-end, Marc Mennessier, journaliste au Figaro, ingénieur agricole et amoureux des plantes vous livre ses conseils et astuces pour faire de votre jardin un Éden.

L’avantage de produire ses propres légumes dans son potager ou, de plus en plus souvent maintenant, sur son balcon, n’est plus à démontrer. C’est notamment vrai pour la tomate, la reine des légumes d’été plébiscitée par une majorité de jardiniers. Pouvoir manger autre chose que les ersatz insipides du supermarché (ou du marché tout court…) est un pur bonheur. Mais un bonheur qui s’obtient et se mérite. Car dans ce domaine, comme dans d’autres, la qualité n’a rien d’automatique.

1 – Choisir les «bonnes» variétés

Il faut, en premier lieu, choisir les «bonnes» variétés. Même cultivée dans de la terre de jardin, une tomate «industrielle» sélectionnée pour les besoins de la distribution petite ou grande reste une tomate industrielle. Elle a été génétiquement conçue pour résister au transport, à la pourriture et aux affres du libre-service (pensez à tous ces doigts qui la tâtent à n’en plus finir…). Pas forcément pour être savoureuse. Heureusement, celles que l’on trouve aujourd’hui en jardinerie sont, dans l’ensemble, réputées pour leurs qualités gustatives. Si vous avez planté de la ‘Cœur de bœuf‘, de la ‘Saint-Pierre’ ou de la ‘Rose de Berne’, vous ne devriez pas être déçu. En revanche, les variétés précoces comme ‘Fournaise’ ou ‘Montfavet’ sont moins goûteuses: leur cycle est plus court et elles bénéficient de moins d’ensoleillement que les plus tardives. Mais elles permettent de manger des tomates dès le mois de juillet. D’où l’intérêt de planter un «pool» de variétés de précocité différentes afin d’échelonner les récoltes sur toute la saison. En sachant que les primeurs ne sont pas forcément les meilleures.

2 – Supprimer les «gourmands»

Taille des «gourmands».

Quoi qu’il en soit, la génétique ne fait pas tout. Pour donner le meilleur d’elles-mêmes vos tomates doivent être bichonnées dans les règles de l’art. D’abord en supprimant les «gourmands». Ces rameaux secondaires qui poussent à l’aisselle des feuilles de la tige principale finissent, à la longue, par épuiser le pied. En «laissant faire la nature», c’est-à-dire en laissant vos pieds de tomates prendre l’aspect buissonnant qu’ils arborent spontanément, vous courez le risque de ne récolter que des fruits tardifs, souffreteux et pas franchement goûteux, loin s’en faut. Concrètement, taillez les gourmands régulièrement pendant toute la saison de pousse (une fois par semaine en moyenne) quand ils sont encore jeunes en les pinçant avec vos doigts ou en vous aidant d’une paire de ciseaux.

3 – Leur offrir un bon support

La tomate étant une plante semi-rampante, il vous faut également lui offrir un support afin d’éviter que ses tiges et surtout ses fruits ne traînent à terre. Où ils seront fatalement souillés de boue, attaqués par les maladies ou dévorés par les limaces. Si vous ne l’avez pas fait lors de la plantation, il est encore temps de vous rattraper. Vous avez le choix entre des tuteurs classiques en bois ou en métal spiralé, la ficelle suspendue à une longue canne de bambou horizontale supportée par des piquets (à raison d’un piquet tous les 2,50 m), sur laquelle les tiges viennent s’enrouler ou encore le tipi, de plus en plus à la mode. Il suffit pour cela de disposer en triangle trois perches en bois d’environ 2 m de longueur, reliées par le haut au moyen d’une ficelle.

Pour ne pas traîner à terre, les tiges de tomates doivent être attachées à un support.

4 – Ne pas forcer sur l’azote

Le mieux étant l’ennemi du bien, ne «forcez pas sur l’azote», même d’origine «bio» (compost, purin d’ortie…). Vos tomates, trop bien nourries, vont se couvrir de feuilles bien vertes au détriment de la floraison et de la fructification réduites à la portion congrue. L’excès d’azote doit à tout prix être évité si vous avez planté des pieds de tomates greffés réputés pour leur grande vigueur.

5 – Arroser sans excès

Si, par dessus le marché, vous arrosez plus que de raison, les fruits vont se gorger d’eau; vous risquez alors de retrouver la fadeur de ceux du commerce. Ce qui n’est pas vraiment le but recherché… Passé le temps du semis et de la plantation où vos jeunes tomates ont des besoins en eau élevés, les apports doivent s’espacer dans le temps pour inciter les racines à se développer en profondeur comme je l’expliquais dans ma chronique de la semaine dernière. Un bon paillage vous y aidera en limitant l’évaporation. N’arrosez jamais le feuillage au jet! C’est le meilleur moyen de provoquer l’apparition des maladies. Utilisez, de préférence un arrosoir en versant l’eau dans une cuvette aménagée autour de chacun de vos pieds de tomate. Dès que les fruits commencent à mûrir, cessez les apports sauf en cas de grande sécheresse.

6 – Surveiller les maladies

Belle récolte de tomates-cerises cultivées en pot.

Un malheur n’arrivant jamais seul, l’abondance de végétation -qui résulte pour une large part de la non application des quatre consignes précédentes- favorise l’apparition de maladies redoutables comme l’alternariose ou le mildiou. La première est favorisée par une irrigation excessive: le remède est donc tout trouvé! C’est beaucoup plus difficile, en revanche, avec le second qui se manifeste à partir du début de l’été, en cas de météo fraîche et humide. Les dégâts, considérables, peuvent entraîner certaines années la perte totale de la récolte. L’application préventive de bouillie bordelaise, avant un épisode pluvieux, permet, sinon de s’en prémunir, du moins d’en réduire l’impact.

7- Récolter à point

C’est l’instant rêvé. Quatre mois en moyenne après le semis pour les variétés les plus précoces (‘Montfavet 63/5′, ‘Evergreen’, ‘Fournaise’ F1…), vos tomates sont enfin bonnes à cueillir. «La quantité de radiation et de chaleur qu’elles reçoivent pendant le processus de maturation est un facteur primordial, explique Jean-Daniel Arnaud, spécialiste des plantes potagères à la Société nationale d’horticulture de France. Une bonne exposition au soleil, ou une bonne réverbération si les plants sont installés près d’un mur, par exemple, stimulent les réactions biochimiques qui président à la synthèse des arômes». C’est si vrai que des études menées par l’Institut national de la recherche agronomique ont montré que les tomates situées en hauteur sont généralement plus goûteuses que celles situées à la base du pied. Une fois cueillies, entreposez votre précieuse récolte dans un endroit frais en évitant à tout prix le réfrigérateur qui leur ferait perdre illico saveur et parfum, ce qui serait quand même dommage! Ne commettez pas non plus l’erreur de les exposer en plein soleil une fois cueillies: elles risquent de brûler et d’être immangeables.

Dans vos massifs

Taille de fleurs de campanules fanées. DR

Prolongez vos campanules. Quelle tristesse de voir les belles hampes de vos campanules commencer à défleurir! Pourtant il n’y a pas de fatalité. Pour prolonger le plaisir de les voir embellir parterres et massifs, coupez une à une les fleurs fanées au moyen de ciseaux bien affutés. Renouvelez l’opération régulièrement: de nouvelles fleurs ne tarderont pas à apparaître à partir de bourgeons dormants situés sur la tige principale. Procédez de même avec les coquelourdes (Lychnis coronaria), les soucis et les coréopsis.

Traquez les criocères du lis. Ce beau petit coléoptère rouge vermillon (Crioceris lilii), originaire d’Asie s’attaque sans vergogne aux feuilles et aux boutons floraux des lis et des fritillaires. La lutte manuelle reste le meilleur moyen de s’en débarrasser. Mais lorsqu’il se sent menacé, l’intrus sait trouver la parade en se laissant tomber au sol où il échappe facilement aux regards. Soyez vigilants!

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