ne vous laissez pas surprendre par le mildiou

juillet 6th, 2014

ne vous laissez pas surprendre par le mildiou

En juillet 1996, je suis en reportage à Vancouver sur la côte ouest du Canada, lorsque mon épouse me glisse, au détour d’une conversation téléphonique: «Au fait, j’ai beau arroser les tomates, leurs feuilles n’arrêtent pas de sécher, c’est bizarre non?» Étrange en effet. Sur le coup je ne trouve pas d’explication. Il faut dire que c’est ma première année de jardinage; je manque donc singulièrement d’expérience. Et puis allez faire un diagnostic à des milliers de kilomètres de distance! Aujourd’hui il suffit de prendre une photo avec son smartphone et de l’envoyer sur le champ par MMS à son interlocuteur, même s’il se trouve à l’autre bout de la Terre. Mais à l’époque, pourtant pas si lointaine, cette technologie n’était pas encore disponible.

À mon retour, c’est le choc. Mes belles tomates, que j’avais laissées dix jours plus tôt en pleine santé, donnent l’impression d’avoir été passées au lance-flamme! J’identifie aussitôt le coupable, mais il est trop tard: le mildiou a frappé et il ne me reste plus qu’à jeter les pieds infestés à la poubelle. La mort dans l’âme, je vous laisse imaginer. Cette année-là, comme beaucoup de jardiniers de mon voisinage, je n’ai quasiment pas mangé de tomates…

Dérivé de l’anglais mildew qui signifie «moisissure», le mildiou désigne en langage populaire un ensemble de micro-organismes, proches des champignons, qui s’attaquent à un grand nombre de cultures. Le jardinier est surtout concerné par le redoutable Phytophtora infestans, ennemi mortel des pommes de terre et des tomates. Sa virulence est telle qu’il provoqua une épouvantable famine en Irlande entre 1845 et 1849, obligeant des centaines de milliers de malheureux à émigrer vers les États-Unis

Tout commence par l’apparition sur le bord des feuilles, de discrètes taches brunes, recouvertes d’un très fin duvet blanc.

La maladie gagne ensuite les tiges et les fruits et même les tubercules dans le cas des pommes de terre. Les parties aériennes brunissent, se dessèchent, pouvant laisser croire, effectivement, que la plante manque d’eau. À ce stade, il est trop tard car, pour être efficace, la lutte contre ce fléau doit être avant tout préventive.

La rotation des cultures (espacer le retour de la pomme de terre ou de la tomate tous les 3 à 4 ans sur la même parcelle) , le choix de variétés (plus ou moins) tolérantes ou la culture sous abri, actuellement très en vogue sur tomates car elle protège la plantation contre la pluie vectrice des spores du parasite, contribuent à réduire le risque mais pas à l’éliminer complètement. Il est donc plus que recommandé de recourir à des traitements fongicides (du latin fungus qui signifie champignon) dès que le temps devient chaud et humide à partir du début de l’été, comme Météo Consult le prévoit pour ce congé de fin de semaine sur la majeure partie du pays.

La bouillie bordelaise est le traitement le plus utilisé notamment en «bio». Le cuivre qu’elle contient empêche la germination des spores. Notons, au passage, que la pratique consistant à percer la tige des pieds de tomates avec un fil de cuivre métallique est à proscrire dans la mesure où cet élément agit uniquement sous forme ionique (Cu++ en l’occurrence). En outre, la blessure infligée à la plante peut constituer une porte d’entrée pour les parasites. En situation de forte infestation, et lorsqu’il faut parfois traiter entre deux averses (en respectant un délai d’au moins 6 heures avant le retour de la pluie), le recours à des fongicides de contact plus pénétrants que la bouillie bordelaise offre une protection plus efficace et plus durable.

La vigne étant, elle aussi, très sensible au mildiou (Plasmopora viticola, parasite importé d’Amérique en 1878), pensez à pulvériser de la bouillie bordelaise, incolore de préférence, sur la treille de chasselas ou de muscat qui orne le balcon ou le mur de votre maison.

Dans tous les cas, il faut traiter à intervalles réguliers ne serait-ce que pour suivre le développement de la végétation et éviter que les nouvelles feuilles restent sans protection. Pour autant le traitement ne doit pas être systématique: tant qu’il fait sec, le mildiou n’a aucune chance de se développer. Surveillez donc bien la météo et intervenez uniquement en cas de risque de pluie, si possible avant. Si vous devez vous absenter plus d’une semaine (vacances, déplacement professionnel…), appliquez un fongicide avant votre départ afin de parer à toute éventualité. Et ne pas subir la même déconvenue que moi à votre retour…

Aidez votre gazon à passer le cap de l’été

Commencez d’abord par relever la hauteur de coupe de votre tondeuse à 7-8 centimètres minimum dès que le temps devient chaud et sec. Vous éviterez ainsi de dessécher les fragiles touffes de ray-grass anglais. Adaptée au climat océanique, cette graminée qui compose la majorité des pelouses françaises, en dehors du littoral et des régions méditerranéennes, est en effet sensible à la chaleur et au manque d’eau. Passez la tondeuse une fois tous les quinze jours en moyenne au lieu d’un passage par semaine lorsque la pousse est à son maximum au printemps. L’arrosage n’est pas nécessaire sauf si votre pelouse a été semée ce printemps. Encore fragiles, les jeunes pieds de ray-grass auront besoin d’apports d’eau réguliers, de préférence le soir pour limiter les pertes par évaporation. Enfin, je ne le répèterai jamais assez: ne jetez pas vos tontes de gazon avec les déchets verts. Gardez-les pour pailler vos massifs et les planches du potager. Économie d’eau, reconstitution du stock de matière organique du sol, nourriture pour vers et micro-faune, protection contre les «mauvaises» herbes: leurs bienfaits sont multiples…

Semez les carottes d’hiver

C’est la dernière limite! En les semant maintenant en pleine terre, vous récolterez à partir de la mi-octobre de superbes carottes que vous pourrez conserver une partie de l’hiver. Il vous suffira alors de les entreposer dans votre cave à l’intérieur d’une caisse remplie d’un mélange de sable et de tourbe ou terreau.

Comme pour les semis de printemps, choisissez un terrain au sol léger, profond et meuble, si possible dépourvu de cailloux, pour éviter le fourchage des racines. Prenez également la peine de bien casser les mottes et d’enlever les touffes d’herbe et de fumier non décomposé qui produisent le même effet. Déposez les graines sur un sillon d’environ 10 cm de large sur 2 cm de profondeur. Semez large pour limiter la corvée de l’éclaircissage qui consiste à ne garder, après la levée, qu’une plantule tous les 5 cm en moyenne. Les rangs doivent être espacés d’au moins 25 cm. Nandor et Boltex sont les variétés qui allient qualité gustative et facilité de conservation. Plus longues, et donc plus productives, Scarla, Colmar à cœur rouge ou Nanco sont également recommandées mais uniquement en sol sableux ou léger et ameubli en profondeur.

Couper ou garder les stolons de fraisiers?

Les fraisiers ont la capacité de marcotter naturellement. Après la fructification, chaque plant émet de longues tiges très fines, appelées stolons, sur lesquelles pousseront 2, 3 voire 4 nouveaux plants de fraisiers, génétiquement identiques au pied-mère dont ils sont issus. Dans la plupart des cas, il est préférable de sectionner ces tiges pour éviter que la fraiseraie ne prenne une extension démesurée ou que les plants ne s’épuisent au détriment de la floraison. C’est particulièrement vrai pour les variétés remontantes qui donnent une seconde recolte dans le courant de l’été et même de l’automne.

Toutefois, si vous projetez d’agrandir votre plantation ou d’en créer une nouvelle, il peut être intéressant d’utiliser ces jeunes plants que la nature vous offre généreusement. Avantage supplémentaire: ils ont, comme on vient de le voir, les mêmes caractéristiques génétiques que la variété de départ dont vous appréciez forcément les qualités puisque vous l’avez choisie. Donc pas de mauvaise surprise à craindre.

Pour obtenir de beaux plants, ne garder que le premier plant généré par le stolon et couper le reste. Lorsqu’ils seront suffisamemnt développés vous repiquerez vos jeunes fraisiers, à leur emplacement définitif à partir de la fin-aôut et jusqu’à mi-septembre. Ils auront ainsi le temps de bien s’implanter avant l’hiver et de vous offrir une récolte généreuse dès le printemps prochain.

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