plantez les «légumes fruits» de l’été

mai 18th, 2014

 

Ah, ces saints de glace! Mamert, Pancrace et Servais, que l’on fête respectivement les 11, 12 et 13 mai, ont encore sévi cette année. Certes il n’a pas gelé en plaine, mais les nuits fraîches (seulement 3 à 4°C en région parisienne) et l’écart important entre températures diurnes et nocturnes (jusqu’à 20°C d’amplitude), ont calmé les ardeurs de la végétation.

Résultat: les semis et les plantations réalisés de bonne heure, à la faveur de ce mois d’avril estival, font un peu grise mine comme ces jeunes choux-fleurs dont les feuilles ont pris des teintes violacées. Même sous tunnel plastique, les pieds de tomates ont à peine «bougé» depuis leur mise en terre…

Ce subit arrêt de croissance ne devrait toutefois pas porter à conséquence: l’épisode a été court et le temps s’est sensiblement réchauffé depuis jeudi, avec des perspectives encourageantes pour les huit prochains jours. Tout devrait donc repartir très vite.

De leur côté, les jardiniers, qui ont su faire preuve de sagesse en ne cédant pas aux sirènes de ce printemps hors norme, n’ont rien perdu. Bien au contraire. Ils vont pouvoir profiter du soleil généreux de cette fin de semaine pour planter leurs légumes d’été: tomate, aubergine, poivrons, cucurbitacées (melon, courgette, potiron, concombre…). À l’étroit dans leur godet de tourbe ou de plastique, ces plantes généreuses, mais frileuses, n’aspirent plus désormais qu’à plonger leurs racines dans la terre, la vraie: celle de votre jardin. À vos bêches!

• Tomate: l’incontournable

On a peine aujourd’hui à imaginer un potager sans tomates. Ou l’Italie privée de ce légume-fruit omniprésent dans sa cuisine: que seraient les pâtes ou la pizza sans la sauce tomate? Cette situation a pourtant prévalu pendant la majeure partie de l’histoire de notre continent.

Originaire du Nouveau Monde, la “pomme d’amour” ou “pomme d’or” ne fut rapportée du Mexique qu’au milieu du XVIe siècle. Sans grand succès au départ. Soupçonnée de toxicité en raison de sa parenté avec la belladone, une solanacée comme elle, elle fut utilisée en France comme plante… ornementale jusqu’au XVIIIe siècle. Avant de connaître le succès que l’on sait.

Aujourd’hui, on recense pas moins de 3200 variétés de tomates sur le catalogue officiel européen. Forme, couleur (rouge, orange, jaune, verte, noire, zébrée…), précocité, résistance aux parasites, qualité gustative, productivité: il y en a pour tous les goûts!

Pour avoir des tomates jusqu’à la fin de l’été et au-delà, si l’automne est doux, optez pour un assortiment de variétés précoces (Montfavet, Fournaise, Marmande…), de saison (Saint-Pierre, Rose de Berne…) et tardives (Cœur de Bœuf, Pyros…) afin d’étaler la récolte au maximum.

 

Choisissez une parcelle ensoleillée, enrichie de compost bien décomposé. Creusez un trou de la profondeur d’une bêche tous les 50 cm sur des rangs espacés de 70 cm. Émiettez bien la terre en y incorporant une grosse poignée de terreau, puis plantez le pied de tomate en enterrant sa tige sur une quinzaine de centimètres jusqu’aux premières vraies feuilles afin de stimuler l’enracinement. Arrosez jusqu’à saturation pour tasser la terre.
À condition de les installer dans un pot ou une jardinière suffisamment profond, et de les arroser régulièrement, les tomates (en particulier les tomates-cerises plus proches de l’ancêtre sauvage) poussent très bien sur les balcons et terrasses.

• Les cucurbitacées: éloge de la diversité

Les membres de cette famille nombreuse sont quasiment tous originaires de contrées exotiques. Si le concombre (Inde), la pastèque (Afrique Australe) et le melon (origine indéterminée), cultivés en Égypte et sur le pourtour du bassin méditerranéen dès l’antiquité sont d’implantation plus ancienne, le potiron et la courgette sont arrivés en Europe beaucoup plus tard, à la faveur de la découverte du Nouveau Monde. Exactement comme la tomate. Autant dire qu’ils ont les mêmes exigences que cette dernière en terme de chaleur et d’ensoleillement.

 

Leur végétation étant très exubérante, les cucurbitacées doivent être plantées à bonne distance: 1 m entre deux pieds de courgette, de melon et de concombre ; le double pour le potiron et la pastèque. Ensuite, ces gourmandes ont besoin, pour prospèrer, d’une terre très riche en matière organique. Pour les satisfaire, creusez à chaque emplacement un trou de 40 cm de côté et de profondeur dans lequel vous incorporerez une bonne dose de terreau et de fumier (ou de compost) mélangée à la terre.

Les courgettes étant très productives veillez à ne pas en planter trop: selon votre niveau de consommation 2 à 3 pieds suffisent en général pour une famille avec 2 enfants. Même chose pour les concombres. Cueillez ensuite les fruits régulièrement tout au long de la saison pour éviter qu’ils deviennent énormes et fatiguent le pied en accaparant toute la sève. Si vous devez vous absenter un certain temps, confiez les clefs de votre jardin à un ami ou un voisin qui viendra les ramasser.

Sachez enfin qu’il existe des plants de melon et de pastèque greffés, plus productifs, en particulier si vous habitez au nord de la Loire (mais pas trop…) où l’ensoleillement est parfois limite.

• Aubergine: la belle Indienne

 

Cultivée comme une annuelle chez nous, du fait de son intolérance radicale au froid, cette solanacée aux longues feuilles gris vert, parfois armées d’épines, est capable de vivre plusieurs années en zone tropicale. Elle devient alors aussi volumineuse qu’un buisson ou un petite arbuste. Originaire d’Inde et de Birmanie, elle aurait été introduite en France à la fin du Moyen Âge.

Séduit par la beauté de ses fruits lisses et brillants à la robe violet foncé tirant parfois sur le noir, Louis XIV la fait cultiver dans ses jardins de Versailles. Mais il faudra attendre le XIXe siècle pour que l’aubergine s’impose dans notre pays, d’abord dans le midi, puis plus récemment au nord de la Loire grâce, notamment, à la mise au point de variétés précoces capables de fructifier dès le début du mois de juillet. Sans parler des plants greffés, très productifs mais coûteux à l’achat (autour de 7 euros le pied!).

Accordez donc à cette belle Indienne une place de choix, au soleil, près de vos tomates ou contre un mur bien exposé au sud. Mis à part le fait qu’il n’est pas nécessaire d’enterrer sa tige, elle se plante de la même façon que la pomme d’or, sa cousine.

• Piments et poivrons : les plantes de l’extrême

Pas besoin de faire un dessin: entre le poivron douceâtre et le piment qui vous enflamme la bouche, la différence saute aux papilles. Les deux plantes appartiennent pourtant à la même espèce, Capsicum annum, importée d’Amérique par Christophe Colomb en personne. En réalité, le poivron a été obtenu par sélection en éliminant progressivement la capsaïcine, le composé irritant sécrété par le piment. Là encore, l’amélioration génétique a permis d’élargir considérablement l’aire de culture de cette solanacée (encore une!). Sous réserve de les planter dans un terrain riche et bien exposés, piments et poivrons produiront de beaux fruits charnus, verts -lorsqu’ils ne sont pas mûrs- puis rouges, oranges ou jaunes selon la variété, une fois à maturité. À planter comme l’aubergine avec qui ils font bon ménage.

 

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