Europe La forêt, conquête des hommes

décembre 17th, 2013

Europe La forêt, conquête des hommes

Dans un poème célèbre, Pierre de Ronsard supplie les bûcherons de sa chère forêt de Gastine :

Pierre de Ronsard (11 septembre 1524, château de la Possonnière - 28 décembre 1585Prieuré de Saint-Cosme, Tours), portrait posthume, vers 1620, musée de BloisÉcoute, bûcheron, arrête un peu le bras ;
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas ;
Ne vois-tu pas le sang lequel dégoutte à force
Des nymphes qui vivaient dessous la dure écorce ?
Sacrilège meurtrier, si on pend un voleur
Pour piller un butin de bien peu de valeur,
Combien de feux, de fers, de morts et de détresses
Mérites-tu, méchant, pour tuer nos déesses ? (…)

Le sentiment du poète est pur… La forêt doit demeurer un havre de recueillement et de paix intouchable.

Mais le fait est que, depuis la Préhistoire, la sylve (du latin silva, forêt) constitue un territoire modelé par la main de l’homme, à son image et selon ses besoins. La France et l’Europe n’ont plus depuis longtemps de forêt primaire ou vierge.

Loin d’être un désert d’âme, la forêt est un espace de travail, de chasse, de loisirs, tantôt exploitée, tantôt abandonnée et qui constitue une ressource économique essentielle au bon fonctionnement des ordres, de la société, de l’industrie mais aussi des rêves, contes et légendes.

La Terre ou Le Paradis terrestre (Jan I Brueghel de Velours ou l'Ancien, 1607-1608, musée du Louvre, Paris)

Premiers défrichements

Les légendes des origines imaginent la forêt et l’arbre comme préexistant à l’homme. Dans la Genèse comme dans les mythes gréco-romains ou germains, l’arbre est un lien entre le divin et le profane. Pensons à l’«arbre de la connaissance», dans la Genèse, aux «hommes nés du tronc des chênes durs», dans l’Énéide, ou au culte druidique chez les Gaulois.

L'arbre de la connaissanceLa réalité qui transparaît des découvertes archéologiques est toute autre : les hommes de Cro-Magnon et Lascaux vivaient dans un paysage de steppes et de toundras ; et les forêts actuelles sont apparues en Europe il y a moins de dix mille ans seulement. D’abord des bouleaux et des pins, puis des noisetiers et des chênes, enfin des essences d’ombre et d’humidité comme le hêtre et le conifère au IIIe millénaire av. J.-C..

Dans les régions méditerranéennes où se diffusent la culture des céréales et l’élevage, en provenance du Moyen-Orient, les défrichements, les cultures sur brûlis, le ravinement et le pacage ont tôt fait de réduire les espaces forestiers à l’état de garrigues ou de maquis. Ainsi en va-t-il de la Grèce où, par la force des choses, la pierre se substitue au bois dans l’architecture.

Il en va tout autrement dans les zones septentrionales, plus humides et aux sols lourds : lorsque les Romains conquièrent la Gaule au Ier siècle av. J. C., ils la qualifient de «chevelue» tant ils la trouvent boisée. Bien qu’entrecoupées de nombreuses et vastes clairières intensivement cultivées, les forêts inspirent aux Gaulois une crainte pleine de respect.

Jules César n’y voit quant à lui qu’un espace propice aux embuscades, barbare et sinistre. Il est cependant nécessaire de le domestiquer car la forêt représente un immense gisement d’énergie pour la forge des armes et des matériaux de constructions des vaisseaux et des villes.

Hêtraie française (DR)Après les premiers défrichements de l’Âge du bronze (2000 av. J. C.) et du fer (700 av. J. C.), la conquête romaine marque donc une nouvelle étape dans l’exploitation accrue des bois.

Le déclin de l’empire permet à la forêt de regagner du terrain au détriment de l’espace cultivé (ager en latin)… pour le plus grand bien des populations. Car la sylve est nourricière.

On y va cueillir les champignons et les fruits sauvages. On cherche le miel, on fabrique de l’huile avec les noisettes, les noix et les faines (fruits – comestibles – du hêtre) ; de la farine avec les glands et les châtaignes. On y chasse le gibier.

Dès le VIe siècle, des ermites se réfugient aussi dans les clairières reculées pour connaître l’expérience mystique du «désert». Ainsi dans le massif de Fontainebleau, au sud-est de Paris.

Un espace très convoité

Indispensable à toute activité, le bois est au Moyen Âge le matériau par excellence. La silva concida (à couper) produit le bois de chauffage et le charbon de bois, et la silva palaria (à pieux) fournit les piquets, des clôtures ou des manches d’outils.

Mais l’exploitation reste longtemps anarchique. L’administration de Charlemagne tente, par des capitulaires (*), de réglementer le pâturage et les prélèvements de bois ou de gibier dans les forêts royales mais les effets ne sont guère probants.

Royaume traditionnel des ermites et des sorciers, complément de ressources pour la paysannerie, réserve de chasse pour les guerriers, la sylve devient, au tournant de l’An Mil, l’enjeu d’un conflit sur les droits d’usage entre les trois ordres de la société médiévale.

À cette époque apparaît le mot forêt, dérivé du latin médiéval forestis (ce qui est étranger ou lointain). Il désigne à l’origine la forêt profonde, qui dépend de la justice royale, la silva regia.

La glandée (le mois de novembre dans les Très riches Heures du duc de Berry, miniature du XVe siècle, musée Condé)Les paysans exploitent la forêt proche, la silva communis. C’est une annexe des champs essentielle à leur subsistance. Ils y prennent du bois, y mènent leurs bêtes et, partout où il y a des futaies de chênes, mènent les porcs à la «glandée» (droit de panage). Ils récoltent les châtaignes dont ils font une farine indigeste mais très précieuse en cas de disette. Ils cueillent les plantes médicinales. Ils pratiquent également le braconnage à leurs risques et périls.

Les guerriers, seigneurs et souverains dotent leur domaine d’une réserve de chasse et de pêche, la silva forestis, prélevée sur la forêt profonde.

Privilège de la noblesse dès le XIe siècle, la chasse est une activité violente mais aussi un art très codifié, écologique avant l’heure. Elle protège le gibier des prélèvements intempestifs et le territoire des défricheurs et des troupeaux. Si l’Île-de-France bénéficie encore de magnifiques forêts (Fontainebleau, Versailles, Chantilly, Rambouillet…), elle le doit aux rois qui, pour les besoins de la chasse, ont protégé ces massifs de la déforestation.

Le livre de chasse de Gaston Fébus (miniature, XIVe siècle, BNF, Paris)

La forêt, royaume de Dieu

Dès le haut Moyen Âge, des moines bénédictins guidés par la règle de saint Benoît s’installent dans les solitudes boisées, à la suite des premiers ermites. On compte ainsi, au IXe siècle, à l’époque de Charlemagne, près d’un millier de petites ou grandes communautés monastiques sur le territoire de la France actuelle, dont les très influentes abbayes de l’ordre de Cluny.

Le mouvement s’amplifie considérablement après l’An Mil. Portés par une forte croissance démographique, les ordres monastiques initient les grands défrichements du «beau Moyen Âge» (XIe-XIIIe siècles).

Les religieuses de l'abbaye de Port-Royal-des-Champs faisant la conférence dans la solitude (Louise-Madeleine Cochin, musée de Port-Royal des Champs)À l’image de l’ordre de Cîteaux, fondé au XIIe siècle, ils ne craignent pas de s’installer dans la forêt profonde, en quête d’une solitude propice à la méditation. «Les forêts t’apprendront plus que les livres, écrit saint Bernard. Les arbres et les rochers t’enseigneront des choses que ne t’enseigneront pas les maîtres de la science».

Des paysans en quête de terres et de liberté ne tardent pas à rejoindre les moines défricheurs de sorte que les cultures s’étendent au détriment de la forêt, jusque dans les terres sablonneuses, les gâtines (terres stériles), les marécages et sur les pentes des montagnes. C’est au point que la France apparaît, au début de la guerre de Cent Ans, moins boisée qu’elle n’est aujourd’hui.

La trace de ces défrichements ou essarts subsiste dans la toponymie actuelle : Gâtine, Essarts, Villeneuve etc.

L'abbatiale de Conques (Aveyron, photo : J-f.desvignes)

Un ailleurs familier

À partir du XIVe siècle, le pouvoir royal tente d’unifier les règles et usages du domaine forestier avec notamment, en France, la création d’une administration des forêts royales sous Philippe V (1317) et plusieurs ordonnances sous Philippe VI (1346) et Charles V le Sage (1376). Les premiers gardes forestiers apparaissent dès 1219 en forêt de Retz, près de Villers-Cotterêts.

Fréquentés par les paysans, leurs troupeaux, les bûcherons, les charbonniers et tous les artisans du bois, les espaces boisés proches des hameaux sont, bien plus qu’un désert hostile, un ailleurs familier. Quand les bandes de soudards ravagent les campagnes, les villageois y trouvent refuge.

La forêt inspire tout de même les craintes. Les bûcherons sont réputés bougons, brutaux. Ils auraient des pouvoirs dont celui de commander aux animaux, d’être «meneurs de loups». Par leur vie sauvage en plein bois, par leur commerce avec le feu et leur travail nocturne, les charbonniers sont de leur côté soupçonnés de sorcellerie.

Il faut attendre le XVIe siècle pour que la forêt perde de son mystère et de son pouvoir maléfique. Les activités artisanales et manufacturières se développent. Petites forges et verreries itinérantes s’installent dans des clairières en plein bois, l’exploitant jusqu’à ce que le peuplement soit épuisé.

De grandes manufactures commencent également à s’implanter : entreprises métallurgiques, briqueteries, fabriques de céramique, salines. Ces «bouches à feu» conduisent en certains lieux à des pénuries de bois.

L’essor ininterrompu de cette exploitation exige une bonne gestion et des aménagements soignés. En octobre 1561, Charles IX met en œuvre une politique destinée à interdire aux communautés rurales de pénétrer dans certaines parties de la forêt. Les prémisses d’une réelle politique de gestion de la sylve sont amorcés.

La fabrication du charbon de bois (gravure, XVIIIe siècle)

Les forêts allemandes et anglaises

Au XVIe siècle, la forêt allemande est elle-même compromise. Le commerce du bois est actif et les mines constituent un nouveau facteur de surconsommation. Les mines de Saxe, du Harz, de Thuringe, des massifs de Bohême et du Tyrol sont les plus importantes productrices de toute l’Europe en fer, zinc, plomb mais surtout en argent dont les nations ont besoin pour leurs tractations – en attendant l’arrivée de l’or et de l’argent de l’Amérique espagnole.

Le travail dans la forêtLa catastrophe est évitée grâce au Jagd und Forstrecht (Droit de la chasse et de la forêt) de Noe Meurer (1561) qui préconise l’ensemencement de conifères (70 % de la Forêt Noire) afin de régénérer la forêt. La méthode est reprise par le pasteur Colerus dans son Von der Holzung (De la coupe du bois), en 1597.

Une administration forestière hiérarchisée se met en place, dans les régions les plus menacées. Si l’Allemagne a pu sauver ses forêts, il n’en fut pas de même pour l’Angleterre. Mises en coupe réglée, elles ont été progressivement détruites du XVIe au XVIIIe siècle, en raison du fort accroissement de la population, de ses besoins et surtout du développement intense des constructions navales de la marine.

Il ne faut pas s’étonner que l’Angleterre ait été la première à utiliser le charbon de terre…

L’Ordonnance des Eaux et forêts (1669)

Les conflits du XVIIe siècle mettent à mal les forêts françaises. On multiplie les coupes extraordinaires dans les forêts royales pour soutenir l’effort de guerre et la construction navale, jusqu’à épuisement des réserves. Et pourtant, en 1661, alors que l’Angleterre peut armer plus de 150 navires de guerre, la France en dispose d’à peine vingt.

L’Ordonnance des Eaux et forêts du 13 août 1669 corrige en partie le tir. Par cette Grande Réformation, Colbert veut mettre les forêts en état d’assurer la production de bois nécessaire à la création d’une flotte digne de ce nom.

Le ministre fait par exemple replanter en hêtres la forêt de Lyons, en Normandie afin de pourvoir aux besoins de la construction navale à l’orée du… XXe siècle ! En outre, il rationalise l’administration, unifie le droit et dit le bon usage des forêts. L’opération est fructueuse. Le revenu passe de 170.000 livres en 1661 à plus d’un million en 1683.

La forêt de Montmorency, au nord de Paris, et ses allées rectilignes (carte de Cassini, vers 1780) Ce faisant, on imprime à la forêt l’ordre géométrique des jardins «à la française». Les forêts sont percées d’un impressionnant réseau d’allées et de routes, en premier lieu pour les besoins de la vénerie. C’est le cas à Chantilly en 1662, à Retz en 1672, ou encore à Compiègne l’année suivante.

Dès 1669, des poteaux indicateurs sont présents à chaque carrefour et le long des routes. Les allées en étoiles de Fontainebleau, Compiègne, Marly, Rambouillet sont caractéristiques de ces forêts aménagées pour la chasse à courre et que l’on nomme «les plaisirs du roi».

En parallèle, l’activité industrielle continue de hanter les lieux. Le développement des manufactures exacerbe au XVIIIe siècle la pression sur les forêts. Dans le Nivernais, on compte par exemple, vers 1750, vingt hauts-fourneaux et 120 forges. Les bois et forêts n’y résistent pas. Songeons qu’il faut pas moins de quinze à vingt hectares de taillis pour assurer la production annuelle d’une tonne de fer. L’essor de la métallurgie conduit, dans certaines régions, à de véritables pénuries.

Enfant de son siècle, Rousseau, comme Ronsard, voit dans la forêt un lieu de retraite et d’apaisement. Il écrit dans Les rêveries d’un promeneur solitaire : «Je me comparais à ces grands voyageurs qui découvrent une île déserte (…). Tandis que je me pavanais dans cette idée, j’entendis un peu loin de moi un certain cliquetis que je crus reconnaître ; j’écoute : le même bruit se répète et se multiplie. Surpris et curieux je me lève, je perce à travers un fourré du côté d’où venait le bruit, et dans une combe, à vingt pas du lieu même où je croyais être parvenu le premier, j’aperçois une manufacture de bas».

De la Révolution au Second Empire

Jules Michelet soutient qu’au moment de la Révolution, on abattait deux pins pour faire une paire de sabots. La Révolution aurait dévasté les belles forêts du royaume. Elles furent en tout cas soumises à rude épreuve. Les guerres stimulent l’industrie métallurgique et les marchands de bois réalisent d’immenses coupes. Pourtant, la superficie reste estimée à huit millions d’hectares en 1823, comme en 1789.

Durant la Révolution, la forêt est aussi quelquefois un lieu de résistance et une base de repli pour les prêtres réfractaires n’ayant pas prêté le serment constitutionnel. Elle est alors souvent le seul endroit où ils peuvent dire la messe, comme dans la forêt de Guerche,  en Ile-et-Vilaine, où un prêtre rassemble les fidèles au pied du Chêne à la Vierge.

La Révolution donne surtout l’occasion de repenser l’organisation de l’espace forestier. Une nouvelle législation forestière est définie en 1801, entérinée en 1827 sous la Restauration par le Code forestier. En 1824, à l’image des États allemands, la France se dote d’une école des Eaux et Forêts, installée à Nancy. Il s’ensuit l’assainissement et le reboisement de la Sologne, de la Champagne pouilleuse ou encore des landes de Gascogne, qualifiées par Napoléon III de «verrue» avant qu’elles ne soient drainées et plantées de pins à vocation papetière.

Berger landais sur ses échasses (XIXe siècle)

Sous le Second Empire, le bois de marine se trouve remplacé par l’acier dans les arsenaux mais l’urbanisation, le réseau ferré et l’industrialisation suscitent de nouveaux besoins de bois : traverses de chemins de fer, poteaux télégraphiques, étais de mines…

À partir du milieu du XIXe siècle, la forêt profite de l’exode rural – et du remplacement du charbon de bois par le charbon de terre – pour s’étendre à nouveau dans toute l’Europe, jusqu’à couvrir aujourd’hui un quart de la France… et près d’un quart aussi de la Belgique.

Ses conquêtes se reconnaissent à la présence des plantes dites «rudérales», qui se développent sur l’emplacement d’anciennes constructions ou d’anciens champs : ronce, grande ortie, herbe-à-Robert, lierre terrestre, pervenche, groseillier à maquereau mais aussi canche, sauge, muguet, céréales ou fruitiers redevenus sauvages.

La forêt des loisirs

Autre époque, autres mœurs… Au XVIIIe siècle, les grands domaines forestiers étaient conçus pour la chasse et le plaisir intime d’une petite élite.

La partie de campagne, film de Jean Renoir (1936) d'après une nouvelle de MaupassantSous la monarchie de Juillet et le Second Empire, la société se démocratise et les forêts périurbaines sont redessinées afin de donner aux citadins un espace verdoyant.

Une première promenade est aménagée aux portes de Paris, dans le bois de Boulogne. Les activités sportives se développent simultanément dans le bois de Vincennes.

En 1849, les premiers «trains de plaisir» mettent la forêt de Fontainebleau à la portée des Parisiens… Le tourisme en forêt est né. Artistes, peintres et écrivains investissent les lieux, y redécouvrant toute la poésie qui s’en émanent et l’allégresse de se laisser vivre le temps d’un instant.

Le Bain de Diane (Camille Corot, 1855, musée des Beaux-Arts, Bordeaux)

En 1855, Baudelaire, Béranger, Gautier, Hugo, Lamartine, Musset, Gérard de Nerval rendent hommage aux bois de Dennecourt à travers un recueil de textes. Dans le roman Au Bonheur des Dames, Zola donne à ses personnages «de la campagne par-dessus la tête», un dimanche à Joinville.

Barbizon, à la lisière de la forêt de Fontainebleau, devient l’autel des peintres de plein air : Corot, Daubigny, Millet, Diaz de la Pena, Troyon… qui préfigurent les impressionnistes. Mais la forêt devenant un espace de loisirs pour les citadins, il est de plus en plus difficile de concilier sylviculture et accueil du public.

Gustave Courbet, Le chêne de Flagey, 1864 (musée d'Ornans)
Mythes et légendes

Le Roi Arthur et les Chevaliers de la Table ronde (XIIe siècle) illustrent l’attrait de la forêt profonde. La forêt de Brocéliande, en Bretagne, y apparaît comme «la plus agréable du monde, haute, sonore, belle à chasser» mais aussi la forêt «félone», lieu d’hallucinations et de tentations, lieu d’errance où Perceval met son courage et sa foi à l’épreuve. Fief de Merlin l’Enchanteur et de la fée Viviane, Brocéliande mêle fées, sorciers, dragons.

Le petit chaperon rouge (illustration de Gustave Doré, 1867)Dans les contes et légendes, la forêt est un monde d’imaginaire, un endroit où l’on projette ses angoisses et ses désirs. Son épaisseur, son opacité créent un sentiment d’inquiétude pour celui qui ose s’aventurer, sans visages ni repères possibles. Tel est le cas pour Cosette, dans Les Misérables (1862) partie remplir son seau d’eau.

Traverser la forêt est aussi un rite de passage pour le Petit Chaperon Rouge confrontée au grand méchant loup. Pour le Petit Poucet, c’est un moyen d’éprouver son courage avant de retrouver le chemin de la maison et de devenir adulte.

Les héroïnes de contes y font quant à elle leur apprentissage amoureux telles Blanche-Neige, La Belle au Bois Dormant, Peau d’âne. Elles rencontrent leur prince charmant qui leur permettra de devenir femme. La forêt troublante laisse troublés ces personnages de fiction et de l’enfance. Au petit jour, ces lieux de mystère laissent les êtres transformés, sous la grandeur bienveillante des grands arbres.

Bibliographie

Parmi plusieurs ouvrages consacrés à la forêt (notamment à l’occasion de 2011, dite «année de la Forêt»), signalons celui de Martine Chalvet, Une histoire de la forêt (Seuil, 2011), et plus récemment, celui de Jean-Michel Derex, La mémoire des forêts (Ulmer, 2013).

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