du bon usage de l’arrosage

juin 21st, 2014

 

Avec l’arrivée de l’été ce samedi, jour du solstice, le jardinier doit veiller à ce que ses plantes, à commencer par les plus assoiffées, ne manquent pas d’eau tout au long des semaines et des mois à venir.

À première vue l’arrosage ne présente pas de difficulté technique insurmontable. Verser le contenu d’un arrosoir sur un jeune semis ou asperger un massif au moyen d’un tuyau à embout semble, en effet, à la portée du premier venu. Pourtant, quelques règles simples doivent prévaloir si l’on veut éviter le gaspillage -et l’explosion subséquente de sa facture d’eau – ou le développement de maladies cryptogamiques redoutables pour les plantations, comme le mildiou ou le botrytis. Sans parler, si vous êtes insuffisamment équipé, du temps passé à effectuer ce qu’il est souvent convenu d’appeler la «corvée d’arrosage»!

Dans ce domaine comme dans bien d’autres, la prévention doit être la règle. Faciliter le stockage de l’eau dans le sol et limiter l’évaporation aux heures les plus chaudes de la journée sont le meilleur moyen de limiter la fréquence et l’importance des arrosages.

Si votre sol est léger ou sableux -et donc «séchant»- pensez à incorporer dès maintenant, et plus encore cet automne, du terreau horticole ou de la terre de jardin riche en argile afin d’améliorer sa capacité de rétention en eau.

Binez et paillez pour limiter l’évaporation
«Un binage vaut deux arrosages» dit le proverbe. Effectivement, le fait de casser la croûte superficielle du sol au moyen d’un sarcloir ou d’une binette interrompt la remontée d’eau par capillarité et donc les pertes par évaporation. En outre, en augmentant la porosité du sol, en limitant le ruissellement et en facilitant la pénétration de l’eau de pluie, ce travail accroît la réserve d’eau disponible pour les racines. Le tout en éliminant les adventices, ou «mauvaises» herbes, qui font de l’ombre et de la concurrence à vos jeunes plantations.

 

N’oubliez pas, une fois l’opération terminée, de recouvrir le sol de paille de céréales, de vieux foin, de résidus de bois, de chanvre ou de miscanthus, ou encore de déchets de tonte. Le paillage ou mulching (de l’anglais mulch qui signifie paillis) a l’avantage de limiter le réchauffement du sol, donc l’évaporation, mais aussi la transpiration des plantes. Il faut savoir en effet que la quasi totalité de l’eau absorbée par les racines est évacuée ou «transpirée» par les feuilles. D’où l’importance pour une plante d’avoir toujours de l’eau à disposition. Autrement, elle flétrit (symptôme qui doit déclencher la décision immédiate d’arroser), se dessèche et meurt plus ou moins vite selon sa capacité de résistance au «stress hydrique» – une cactée adaptée à la vie dans le désert supporte mieux la sécheresse qu’un gazon anglais.

Les bénéfices du paillage sont multiples: en plus d’économiser l’eau, cette couverture de débris végétaux empêche la germination des adventices qu’elle prive de lumière, reconstitue le stock de matière organique du sol, nourrit les lombrics et la micro-faune du sol, sert de refuge aux insectes utiles, empêche la pluie de souiller vos fraises ou vos salades avec des éclaboussures de terre, etc. Attention toutefois à l’écorce de pin, très acide: réservez la aux massifs de terre de bruyère ou aux terrains très calcaires.

Plantes «lanceuses d’alertes»
Malgré toutes ces précautions, l’eau peut quand même venir à manquer. La difficulté consiste bien souvent à savoir quand intervenir. Une terre sèche en surface n’est pas toujours un critère pertinent car les racines peuvent trouver quelques centimètres plus bas assez d’humidité pour se développer. En revanche, certaines plantes «lanceuses d’alerte» comme les impatiens, qui sont les premières à flétrir en cas de sécheresse, sont de bons indicateurs. Au potager, on surveillera particulièrement les laitues et les chicorées (scaroles, frisées) que le stress hydrique fait monter à graines prématurément. Sans oublier les céléris qui sont de véritables soiffards!

Évitez de mouiller les feuilles

Pas question pour autant, une fois le diagnostic établi, de faire de beaux arc-en-ciel en aspergeant le jardin en plein soleil. Intervenez plutôt le soir ou en fin d’après-midi pour limiter encore et toujours les pertes par évaporation. Ensuite, évitez autant que faire se peut de mouiller le feuillage afin de ne pas stimuler la propagation des maladies. Pour cela, arrosez toujours au pied de vos plantes en aménageant une cuvette autour des jeunes arbres ou arbustes, de vos rosiers ou de vos plants de tomates, aubergines, courgettes et autres concombres. Les premiers sont à surveiller de près notamment pendant les deux années qui suivent leur plantation, le temps que leur enracinement soit suffisant pour trouver l’eau en profondeur. Soyez particulièrement vigilants avec les sujets plantés «racines nues» à la fin de l’hiver. Au verger, poirier, pêcher, groseillier, cassissier, framboisier et actinidia (ou kiwi) sont les espèces les plus sensibles à la sécheresse.

Arrosez beaucoup mais pas souvent
Les rosiers doivent eux aussi être arrosés abondamment (10 litre par sujet et par arrosage en moyenne) si vous voulez voir vos variétés remontantes fleurir jusqu’à l’automne, mais pas trop souvent. Idem avec les légumes d’été. Les apports d’eau trop fréquents incitent les plantes -partisanes du moindre effort, comme tout un chacun- à développer leurs racines en surface plutôt qu’en profondeur, ce qui les rend dépendantes de la pluie et/ou des arrosages. Embêtant, si vous prévoyez de vous absenter quelques semaines cet été. Sauf épisode de sécheresse ou de canicule prolongé et à condition d’avoir été paillées correctement , les tomates peuvent se passer d’irrigation pendant tout l’été, une fois qu’elles sont bien implantées.

Dosez vos apports d’eau

Deux arrosoirs (un pour chaque main) affichant leur contenance (10 à 14 l selon les modèles) sont le moyen le plus pratique et le moins coûteux d’évaluer vos apports d’eau. Problème: il faut les transporter, ce qui peut vite s’avérer pénible si vous avez un grand jardin obligeant à multiplier les allers-retours entre le robinet et le potager ou les massifs à arroser. Une solution consiste à tirer votre tuyau d’arrosage jusqu’à la zone à irriguer, à chronométrer le temps de remplissage de votre arrosoir, puis à diriger le jet au pied des plantes pendant le temps correspondant au volume d’eau souhaité (par exemple 2 minutes pour un seau de 10 l) . Réglez le débit de façon à ne pas provoquer d’éclaboussures, dégrader la structure du sol (formation de trou, rigoles…) ou déchausser les racines.

Choisissez des plantes sobres
Si vous habitez une région sèche, vous avez tout intérêt à choisir pour vos massifs des plantes sobres comme l’achillée, la rose trémière, la nigelle de Damas, l’eschscholtzia de Californie, la belle de nuit, la rose d’Inde, le muflier et, parmi les vivaces, les asters, les campanules, les verges d’or (Solidago virga aurea), les achillées, les anthémis, les dianthus ou œillets véritables, l’arméris maritime ou gazon d’Olympe, l’érigéron ou vergerette, les sauges, les saponaires et bien d’autres encore. Pensez-y au moment de vos plantations .

 

Dernier point: n’arrosez pas votre pelouse, elle reverdira toute seule fin août ou début septembre dès que le temps redeviendra plus humide et frais. Si vous habitez dans le Sud ou si votre terrain est très sableux, sur le littoral notamment, choisissez une espèce de gazon resistante comme le Lippia nodiflora, le Zoysia tenuifolia, le Cynodon dactylonou la fétuque durette.

Plantes en pots et jardinières
À la différence des plantes de pleine terre, celles qui poussent en pot ou en jardinière ont besoin d’apports quotidiens sauf si vous les avez installées dans un contenant pourvu d’un réservoir d’eau ou d’un système automatique de goutte-à-goutte. Très prisés pour le fleurissement des balcons et rebords de fenêtre, pétunias, fuchsias, et bégonias sont aussi très gourmands en eau. Attention aux géraniums/pélargoniums qui ne supportent pas l’excès d’eau: arrosez dès que le premier centimètre de sol est sec. Même chose avec le citronnier et les autres agrumes.

 

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