Pesticides: les risques pour les agriculteurs mieux évalués

juin 13th, 2013

Pesticides: les risques pour les agriculteurs mieux évalués

Par figaro iconDelphine Chayet – le 13/06/2013
Ces substances peuvent avoir des effets sur leur santé, et celle de leurs proches.

Une exposition aux pesticides pendant la grossesse, et dans les jours qui suivent la naissance, peut avoir des conséquences sur le développement de l’enfant, pointe un rapport de l’Inserm, qui recommande une «vigilance toute particulière» pendant cette période critique et «une sensibilisation des médecins».

L’institut de recherche médicale a réalisé, à la demande de la Direction générale de la santé, un bilan de la littérature scientifique internationale des trente dernières années sur les risques sanitaires associés à une exposition aux pesticides, en particulier dans le monde agricole, et sur les effets pour le fœtus et les jeunes enfants. La synthèse de ce travail mené par des épidémiologistes et des biologistes est rendue publique jeudi, assortie de leurs recommandations.

Risque accru de leucémie

Concernant la période prénatale, l’expertise collective retient une augmentation significative du risque de fausses couches et de malformations congénitales lors d’une exposition professionnelle de la mère. D’autres études montrent une atteinte de la motricité fine, de l’acuité visuelle et de la mémoire récente de l’enfant. Un risque accru de leucémie et de tumeur cérébrale est aussi mis en évidence.

Au-delà, un impact des pesticides a pu être observé chez les enfants de femmes vivant non loin d’une zone agricole ou ayant un usage domestique de ces produits. «Cependant, l’ensemble des conséquences potentielles d’une exposition aux pesticides pendant la grossesse est encore insuffisamment évalué comme par ailleurs celles d’une exposition durant la période préconceptionnelle, la petite enfance et la période pré ou pubertaire», notent les experts, qui recommandent un meilleur suivi longitudinal des enfants.

Les pesticides sont présents partout dans l’environnement: l’air intérieur et extérieur, les poussières, l’eau, le sol et les denrées alimentaires. En milieu professionnel, la voie cutanée représente la principale voie d’exposition. L’expertise collective, qui a ciblé huit localisations de cancer apparues dans la littérature scientifique, retient une augmentation du risque de cancer de la prostate chez les agriculteurs, les ouvriers d’usines de production de pesticides et les populations rurales. Un risque accru de lymphomes non hodgkiniens et de myélomes multiples est aussi reconnu.

«Un enjeu important de la recherche»

Enfin, selon le rapport, «bien que les résultats soient moins convergents, un excès de risque de leucémies ne peut être écarté». Pour aller plus loin, les chercheurs butent cependant sur la faible incidence de certains cancers ou l’existence de facteurs de confusion importants.

Si un lien entre herbicides, insecticides et maladie de Parkinson a pu être mis en évidence, les résultats sont plus contrastés pour la maladie d’Alzheimer et la sclérose latérale amyotrophique. De manière plus générale, les experts se disent préoccupés par la question des mélanges de pesticides et d’autres substances contaminant l’environnement, dont l’impact sanitaire est «difficilement prévisible actuellement». Ce qui en fait, assurent-ils, «un enjeu important de la recherche et de l’évaluation des dangers».

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