Abus de Droit.

C’était il y a une quinzaine d’années, dans le métro qui relie Boston au M.I.T. Des panonceaux publicitaires signés de cabinets d’avocats racolaient des clients potentiels :

« Un contentieux avec votre employeur ? votre famille ? un fournisseur ? vos voisins ? l’administration ?
X. & X. attorneys, peut vous faire gagner beaucoup de dollars en dommages et intérêts...
Sans frais d’honoraires préalables, nous ne serons rémunérés que sur un pourcentage des sommes récupérées.. »

Je n’ai pas retrouvé la photo que j’avais prise, je ne peux donc pas garantir le texte mot à mot, mais le sens intégral y est, ma connaissance du patois d’Outre-Atlantique est amplement suffisante.. Avec la suffisance condescendante que nous autres, européens, avons parfois pour les yankees, j’ai alors pensé : « Ah ! ces américains, ils en sont encore aux Joss Randall et aux chasseurs de primes. Voilà une pratique qui ne viendra jamais chez nous. L’Ordre des avocats veille… La loi qui punit l’extorsion de fonds en bande organisée nous protège.. »

Quelle naïveté ! Un nouveau marché prometteur s’ouvre en grand aux avocats sans causes et sans scrupules.

Un orage imprévu ? Vite, un procès à Météo-France.
Un panneau de basket tombe sur un gamin ? Un procès au Maire.
Des ados un peu éméchés s’introduisent dans un dépôt SNCF et font les singes sur les toits des motrices. L’un touche la caténaire. Foudroyé… Les parents poursuivent la SNCF pour défaut de gardiennage dissuasif.
Jusqu’au trisomique qui poursuit ses parents pour l’avoir laissé naître.

C’est la Crise. Tous les moyens sont bons pour se faire des €uros. Et, pour les avocats indigents, de se faire un nom. Car, plus le procès est extravagant, plus grandes sont les chances pour Maître Tartemolle de passer à la Télé. La fortune et la gloire..

Qui paye l’addition ? Ne cherchez pas, c’est vous.

Car les frais d’avocats et les polices d’assurances pour se prémunir contre ces procès iniques coûtent cher : Désormais, leur coût est intégré dans le prix de vente des biens et des services. Les chirurgiens sont contraints de souscrire des contrats d’assurance astronomiques pour se couvrir contre les poursuites (le plus souvent montées de toutes pièces) dont ils font l’objet.
Au moindre pet, Météo-France balance des avis d’alerte rouge, pour se couvrir. Et les responsables des espaces verts font arracher les daturas.
Bientôt, plus un individu normal ne se risquera à exercer un métier d’expert...
La justice, qui déjà peine à faire face au flux habituel des actions courantes, est encore plus encombrée par ces procès racket. Pire, son image est mise à mal, du seul fait de se prêter à ces simagrées de justice.

A quand la création d’une association de citoyens, dont le seul objet serait de se porter partie civile contre toutes ces caricatures de procès et tenter de

  • faire condamner les plaignants, pour outrage à la Justice, à de fortes amendes et au remboursement des frais d’instruction générés.
  • Faire condamner leurs avocats pour pratiques abusives et association de malfaiteurs et, si possible, à leur radiation du Barreau.

Où est-elle passée, la Société de Droit ?

Société de travers serait-elle devenue ?

 

Labels… de Cadix.

Labels… de Cadix.
« Hallal, Kasher, Elu produit de l’année, Garanti bio, élevé en plein air »…
Jusqu’aux girolles bio, qu’a trouvées récemment Pathinini.. Comme si on tenait les citadins assez niais pour croire qu’il en existe d’élevage. Pas encore, mais ça ne saurait tarder.
Comment s’y retrouver dans ce déferlement de mentions censées nous garantir la qualité des produits, en fait uniquement destinées à nous forcer la main pour remplir le caddy.
Quand on sait que tous ces produits labellisés ont en commun, outre un surcroît de prix de l’ordre de 20%, une incomparable fadeur « tendance ».

Grâce à tous ces gens qui nous protègent (sans qu’on ne leur ait jamais rien demandé), on ne trouve plus de munster que sous forme de fromages châtrés à la saveur est aussi discrète que celle d’une pâte cuite batave… Quant aux andouillettes, elles ont maintenant autant de saveur qu’une francfort cuite dans l’eau bouillante. De quels citadins distingués, prophètes du gustativement correct, sont composés les jurys qui décernent les labels ?
Je ferais peut-être quand même confiance à un label, s’il sonnait moins faux cul, par exemple, s’il s’intitulait « Péquenot Français ». Surtout s’il garantissait que les produits ainsi étiquetés ont été élaborés par de vrais paysans, élevés en plein air, et exclusivement nourris au pain au levain, au saucisson pur porc et au Merlot (à consommer sans modération). A la condition, bien sûr, que ce label ait été décerné par un jury composé de pairs appartenant à la Confédération Paysanne, et non de petits messieurs parisiens, raffinés et dans le vent.
Un temps, on a pu trouver des produits de plutôt bonne qualité, sous une marque de distributeur : Reflets de France. Une idée astucieuse d’un des caïds de la grande distribution. Regrouper sous une même étiquette, un ensemble de PME de l’agro-alimentaire. Du gros artisanat de qualité, plutôt que de la production industrielle. Chacun, de taille trop modeste pour pouvoir assurer seul sa propre publicité et sa diffusion.

Pendant dix huit mois, c’était très bien. Puis, la logique de la Grande Distribution a prévalu. Étrangler le producteur, contraint à baisser les prix et à affadir les goûts pour complaire à ce que les responsables de centrales d’achat pensent être le goût du public, et réduire les coûts de production.
Reflets de France ? Oui de la France telle qu’elle est devenue au début du XXIème siècle…

Alors ? Faire confiance aux marques connues ? Celles qui font de la pub à la télé ?
Nécessaire de faire un gros chiffre pour se payer 15 secondes de pub ! Du coup, on se recrute, pour faire bon poids, un diplômé d’une école supérieure de commerce de banlieue comme conseil en gestion.
Qui, pour justifier son poste, fait infléchir la gamme… dans le sens de produits dont le goût sera accepté par un public large. En un rien de temps, le Beaufort 18 mois d’affinage, fait place à un Leerdamer insipide.
Ne soyons pas négatifs, les labels ont du bon. Ils sont pour moi un repère d’achat très utile.
Il suffit de les utiliser dans le bon sens. C’est-à-dire, à l’envers :
Ne jamais acheter de produit alimentaire affublé d’un label. Quel qu’il soit..
Ni empaqueté sous un nom de marque que vous avez entendu à la télé.

Ma hargne d’aujourd’hui ne portait que sur les seuls labels des produits alimentaires.
Que dire des autres ? Tels les « Inscrit au patrimoine de l’UNESCO », décernés à n’importe quelle ruine industrielle recouverte de tags…

Réchauffement : une menace ?

 

Si l’on en croit les Cassandres, le réchauffement climatique qui pour l’instant n’a de réalité que dans les modèles de nos CAO (i.e.climatologues assistés par ordinateur) ferait peser sur l’humanité la menace de catastrophes encore jamais vues et assurément irrémédiables.

Ils sont excusables. Sans doute, extrapolent-ils des catastrophes en chaîne que le dernier réchauffement a provoquées.

Il y a 18 000 ans, l’homme était peinard. Bien emmitouflé dans sa peau d’ours, il passait son temps à chasser le renne et le mammouth quand, soudain, la glace commençe à fondre.

A peine 8 000 ans plus tard, comme le fond de l’air continuait de se réchauffer, voila que la flore se met à évoluer. Des graminées comestibles remplacent les lichens. Cet apprenti sorcier essaie de les semer et.. malédiction, ça marche, il avait inventé l’agriculture.
Ce fut la première de toute une série de catastrophes. Dès lors, c’est l’engrenage infernal.
Voilà qu’il domestique des animaux sauvages. C’est le fléau de l’élevage.
Désormais à l’abri de la famine, il fornique comme un malade, se multiplie comme un lapin. Au lieu de vagabonder, insouciant, comme il le faisait jusqu’alors, il se sédentarise. Construit des maisons et des villes (les scandales immobiliers sont déjà en gestation). Après, tout va s’enchaîner, inexorablement :
L’accumulation des richesses, l’écriture, les grands empires, la violence, le langage SMS, Mickael Jackson, les Fonds de Pension..

On comprend l’effroi de nos philosophes à la mord-moi-le-micro, à l’idée que de telles catastrophes puissent bientôt se renouveler .

Un peu trop timorés sans doute, car enfin, dites moi donc quelles seraient les conséquences réelles du déplacement – de la Bretagne à la Scandinavie – de la zone de production du chou-fleur ?
Nos agriculteurs bretons sont vaillants et inventifs. Ils sauraient rapidement se reconvertir dans la banane. C’est pourtant simple.
Et les choses continueraient leur traintrain. On continuerait de leur imposer des prix de reprise ridicules. Ils manifesteraient devant les préfectures, comme d’hab. Le seul changement notable, c’est qu’au lieu d’y déverser leurs artichauts invendus, ils balanceraient leurs ananas, voila tout.

Les gens du Nord, qui aiment tant les oliviers au point d’en cultiver sur leur balcon dans des bacs Riviera, pourraient enfin les voir pousser en pleine terre. Pour bientôt, la bonne huile vierge, première pression à froid, en provenance directe du Brabant ?

Quant aux belles eskimaudes, serait-ce une catastrophe si, au lieu de devoir s’enduire de graisse de phoque avant de plonger dans les eaux glacées, elles pouvaient se dorer, en bikini, sous les cocotiers des plages de la Terre de Baffin ?

Réchauffement, réalité ou billevesées ?

Réchauffement, réalité ou billevesées ?
Si l’on compare la température actuelle avec celle qui régnait au plus fort du Würm (la dernière glaciation), il y a 18 000 ans, quand le niveau des océans était 120 mètres plus bas que maintenant, que l’inlandsis polaire descendait jusqu’à la Loire, et que la végétation du sud de la France était une toundra, on est en droit de dire, sans la moindre hésitation, que ça s’est réchauffé.
De la même façon que la température avait beaucoup baissé avant. Mais s’était élevée depuis le Riess.
A l’époque où il hantait les gorges de l’Ardèche, déjà, des Cassandres prédisaient les pires catastrophes climatiques si Homo sapiens ne cessait pas immédiatement de crayonner des bisons sur les parois de la grotte Chauvet et s’il laissait la porte ouverte.

C’est dire si la menace est avérée et ne date pas d’hier
Et pourtant, on ne savait pas alors que le climat n’avait cessé de jouer au yoyo depuis 150 000 ans.
Quatre grandes glaciations : Guntz, Mindel, Riess et Würm, avec, entre chacune, des phases de réchauffement, les interglaciaires (en jargon de paléoclimatologue).
Et sans doute bien d’autres auparavant, mais les traces précises font partiellement défaut.
Depuis le dernier grand réchauffement, celui qui a été le témoin (et en grande partie la cause) de l’émergence de la Civilisation – agriculture, élevage, sédentarisation, urbanisation, écriture, etc.. – bien d’autres oscillations climatiques ont eu lieu. D’ampleur et de durée moindres que les précédentes. Mais bien marquées.

Et qui sans nul doute, ont dû occuper les conversations des bipèdes qui prenaient déjà plaisir à parler de la pluie et du beau temps.
Sans remonter au Déluge (une période de réchauffement plus intense, on en est à peu près certain, à présent) ni à la surrection du delta du Nil (un relatif refroidissement baissant le niveau des mers de 2 ou 3 mètres), on pourrait citer le climat béni de l’an mil, où le blé mûrissait sans problème en Scandinavie et où les côtes verdoyantes du Groenland accueillirent une assez importante colonie danoise. Ou, en sens inverse, se rappeler le « petit âge glaciaire » de la fin du règne de Louis XIV.
Ça s’en va et ça revient.. Comme le chantait notre éminent climatogue Cloclo.
Sans que l’on puisse imputer cela aux moteurs diesel qui polluent ou aux vaches qui pètent ou rotent, les mal-élevées..

Qu’est ce qui fait fondre les pôles ?

Qu’est ce qui fait fondre les pôles ?
Quelle question de Béotien ! Il suffit d’interroger le premier malthusien qui passe.. Il vous donnera la réponse, nette et sans bavure.
C’est l’Homme..
L’Homme, ce mammifère nuisible, qui pollue la Planète. Ah ! que la Terre serait belle s’il n’y avait plus d’humains ! Juste les petits oiseaux… L’Homme, qui fornique et se multiplie, l’Homme qui brûle le charbon et le pétrole, et qui respire, en rejetant du gaz carbonique. Non, ne dites pas gaz carbonique, certains pourraient se souvenir que ça peut être utile, le gaz carbonique (sans lui, la totalité des végétaux disparaîtrait immédiatement). Dites plutôt di-oxyde de carbone, ça impressionne d’avantage le citadin.
Pas la peine de discuter, on se tue à vous le répèter : c’est le gaz carbonique, produit par l’homme, et par ses vaches, qui pètent.. Ca fait effet de serre !
Même si CO2 est loin d’être l’agent le plus important de l’effet de serre, il est exact que la teneur de l’atmosphère est passée de 0,03% à 0,035% pendant l’Ère Industrielle. Mais les analyses de carottes de glace de l’Antartique, datant du précédent interglaciaire, présentent, elles aussi, des augmentations de la teneur en CO2 corrélées avec le réchauffement de l’époque. Sauf à faire l’hypothèse hasardeuse d’une activité effrénée de Néanderthal à tailler des bifaces, il n’y avait pas d’activité industrielle à l’époque. Est-ce donc, comme on nous le rabâche, l’augmentation du CO2 qui crée le réchauffement ou le réchauffement qui augmente le CO2 ?
Quelle que soit l’incertitude sur la culpabilité de l’Homme et de son activité dans le réchauffement climatique, suivons les préceptes de nos bons apôtres : fermons toutes nos usines. Et que les chômeurs marchent à pied.
Il semble que ces consignes ont déjà été largement suivies. Alléluia !
NB- Entre parenthèses, vous êtes-vous posé la question de ce qui se passerait si l’on en finissait, une bonne fois, avec ce funeste effet de serre ? On aurait un climat très sain : une température moyenne aux alentours de 0°, avec du -30° la nuit, et du +50 ou 60° le jour. Sale temps, pour les microbes..

Le temps des Jules d’Etat.

On se sent protégés.

Nous sommes de grands enfants, inconscients du danger. Toujours prêts à faire les pires bêtises et risquant à tout instant l’accident, la mort parfois. C’est pourquoi l’on a inventé les anges gardiens. Qui assurent 24h/24, 7jours/7, une bienveillante surveillance rapprochée pour notre plus parfaite sécurité.
Ils sont de plus en plus nombreux et de plus en plus vigilants. Leur sollicitude à l’égard des bipèdes est inlassable. Elle s’étend désormais à la quasi-totalité des activités imaginables. Des exemples ?
On laisse la broussaille envahir tout alentour de la maison. C’est inflammable, on risque de griller vifs. Les anges sont là pour veiller à ce qu’on la coupe, dans un rayon de 100m autour de la maison. Sous peine d’amende. Même si c’est chez le voisin.
La couper, c’est un début, mais on ne peut pas la laisser sur place. Le premier réflexe ? En faire des tas et y mettre le feu ? Inconscience ! C’est nocif pour la santé, la fumée fait tousser. Pour protéger notre santé, une réglementation interdit désormais l’écobuage. Faut pas rigoler avec la santé. Et, pour empêcher des irresponsables, on monte à grands frais des tours d’observation, pour détecter à distance le jardinier inconscient qui s’aviserait de faire brûler ses fanes de patates. C’est si simple de louer un camion pour emporter tout ça à la déchetterie. Voilà une démarche respectueuse de l’environnement, surtout si c’est un camion électrique.
Que dire des myopes portés sur la bouteille qui confondent les étiquettes du pastis et du désherbant ? Ce risque majeur va disparaître. De façon radicale, en interdisant la vente de ces ersatz d’apéro. Aux amateurs, pas aux pros. Parce que sans doute, en arboriculteurs expérimentés, savent-ils distinguer le 2D4 du guignolet cassis.
Mais le plus utile concerne cette irrépressible tentation qui systématiquement me pousse à envoyer les effluents de ma fosse septique dans mon bassin de captage d’eau potable. Sans la venue d’un trisomique assermenté (qui tous les deux ans, vient vérifier que je ne l’ai pas fait 98€), sans doute y sucomberais-je stupidement. Veiller à ce que nous buvions une eau saine, est-ce trop cher payer ?
La protection de notre santé n’impacte pas seulement les activités champêtres.. Elle étend ses bienfaits à des activités citadines.
Avez-vous récemment acheté une prise électrique multiple ? Vous vous êtes sans doute demandé pourquoi il est si difficile d’y introduire une fiche, et encore plus de l’extraire ? C’est parce qu’on l’a équipée d’un dispositif de sécurité très efficace. Pour nous dissuader d’introduire le bout de la langue dans l’orifice (sont-ils nombreux, les imprudents qui testent de cette façon si le 220 passe bien ?). Ne râlez pas, ça ne vous prendra guère qu’une dizaine de minutes pour faire sauter le bout de plastique qui obstrue le trou d’entrée de la prise.
Pour la voiture, l’achat obligatoire d’un costume fluo pour changer sa roue ou d’un éthylotest, sont de la même farine.. De mauvaises langues insinuent que des pots de vin auraient…
L’obligation d’équiper sa maison de détecteurs de fumée est, elle aussi, digne d’éloges. Et d’une grande utilité pour ceux qui ont le nez bouché…
Et, comment l’État pourrait il rester indifférent devant des fléaux tels que le tabagisme et l’alcoolisme ? Nos infatigables protecteurs ont trouvé un moyen pédagogique pour nous en dissuader : des taxes de l’ordre de 300 à 500 % du prix de production.
Nous allons enfin pouvoir vivre en toute sécurité, car il ne va bientôt plus exister de dangers contre lesquels nous ne soyons protégés. Si ce n’est, bien sûr, les pickpockets, le racket de France Télécom et les agressions à main armée. Mais ils y travaillent. Les solutions ne devraient pas tarder…
Un problème de vocabulaire : je ne sais comment désigner ces anges gardiens dévoués qui nous protègent (même et surtout quand on ne leur a rien demandé). Des protecteurs ? Le terme est ambigu et pourrait prêter à confusion avec d’autres corporations : ceux qui avaient trouvé moyen de gagner leur vie en mettant une ou plusieurs filles sur le trottoir. En langage châtié, on les appelait des protecteurs, la justice employait le terme de proxénète, en argot, on disait des maquereaux (ou des Julots).. Il serait fâcheux de laisser planer la confusion entre ces parasites exploitant les femmes, et nos politiques modernes qui ne font pas ça pour l’argent (ils se soucient exclusivement de notre santé et de l’environnement !). Les premiers n’avaient pour formation que l’école de la rue, les nôtres ont suivi les cours de l’ENA..

Des œufs à la cloque..

J’adore les pêchers, leur feuillage, leur floraison superbe, et leurs fruits bien sûr, les délicieuses pêches..
Un arbuste sympathique, venant bien en tous terrains et sans grands problèmes.
Sauf la maudite cloque.

Une affection cryptogamique provoquée par un ascomycète : le Taphrina deformans.
Peu grave, les années où le printemps est chaud et sec, même un peu venteux. Mais détestable, les autres années, quand un printemps froid et humide se prolonge et que, de surcroît, on a oublié d’aérer la ramure.
Quand les feuilles attaquées rougissent, cela peut donner, parfois, un curieux et délicieux spectacle, d’un rouge éclatant, mais qui épuise l’arbre.

Le pire, c’est que, quand le mal s’abat sur le verger, c’est trop tard. C’est avant qu’il aurait fallu traiter ce maudit champignon. Et pas avec n’importe quoi, la bouillie bordelaise reste quasi inopérante. Les sels de zinc font à peine mieux. Il y a bien quelques molécules* efficaces, mais elles ne sont accessibles qu’aux pros. Les défenseurs de la Planète (et des affections cryptogamiques réunis) en ont fait interdire la vente aux particuliers.
Bien sûr, on peut aller en Espagne, car nos voisins, après quarante ans de Franquisme, ne sont pas d’humeur à accepter sans broncher les oukases d’une dictature verte.

Dans les situations sans issues, il ne reste plus que le recours à la magie. Depuis une quinzaine d’années, un rituel, colporté par le web, a converti une bonne partie des néo-jardiniers. Il consiste à accrocher des coquilles d’œufs dans les branches, nouées dans un collant de dame.

    Ça marche ?

Les années où il n’y a de cloque nulle part, il n’y en a pas non plus dans les arbres aux collants. Les autres années, quand la cloque est partout, tout le monde morfle, les arbres nus comme les encoquillés. Les thuriféraires du culte de l’œuf ne désarment pas pour autant : » c’est sans doute que les œufs n’étaient pas bio, ou que le collant… »

D’esprit rétif au jardinage mystique, mais formé à la méthode expérimentale, j’ai donc procédé à des essais systématiques. Selon un protocole tatillon, comme il se doit.
Un arbre sur deux transformé en épouvantail, les autres tout nus. Des mêmes variétés, car certaines y sont très sensibles, et d’autres moins. Cela aurait pu perturber les résultats :
aucune différence.

Poussant plus loin mon expérimentation, j’ai même testé un changement de support : remplacer ces hideux collants par des bas de soie retenus par d’affriolants porte-jarretelles. C’est incontestablement beaucoup plus sexy, mais tout aussi inefficace.

Si vous ne pouvez vous procurer de la dodine (c’est le nom de la molécule), ou si vos croyances religieuses vous en interdisent l’utilisation, rassurez vous, il existe une solution.
Ne plus planter de ces variétés récentes, particulièrement sensibles à la cloque et sélectionnées exclusivement pour répondre au cahier des charges des centrales d’achat (calibre, coloration de l’épiderme, résistance au transport, précocité)… Et achetez, si vous en trouvez, de vieilles variétés qui étaient plus résistantes.

Mieux encore (mais cela exige d’avoir pas mal de terrain et de patience), semez des noyaux de fruits poussant sur des spontanés. Léveront alors des hybrides qui en tant que tels seront robustes et résistants. Certains marchands, faisant feu de tout bois, les appellent « pêches de vigne », comme s’il s’agissait d’une variété distincte. Ce n’est pas le cas. Ce ne sont que des francs de semis, (qu’autrefois, les viticulteurs plantaient en tête de raie, comme plante cobaye, indicatrice précoce de l’arrivée d’une poussée de blanc)..
Faites beaucoup de semis, car vous ne saurez pas à l’avance sur quel type de fruit vous tomberez :

– résistants ou non à la cloque,
– à noyau adhérent plus souvent que libre,
– de maturité plus tardive que précoce,
– parfois farineux, mais parfois juteux et délicieux,
– de calibre hétérogène.

Goûtez, sélectionnez ceux qui vous plaisent,  arrachez impitoyablement ceux qui ne vous conviennent pas. Et resemez les noyaux des fruits de ceux qui vous plaisent. Et ainsi de suite. Autant de fois que vous pourrez..
Le pêcher est un arbre qui passe vite à fruit. En douze ans, on arrive à faire quatre générations.
Ce qui suffit presque à isoler une lignée (ou plusieurs) d’arbres aux fruits conformes à vos goûts et assez résistants à la cloque.

Et cette sélection aura, en plus, ce mérite infini d’être LA VÔTRE.

Quant  à vos coquilles d’œufs, vous pourrez toujours vous en servir pour les incorporer dans le sol, au pied de plantes friandes en calcaire : les lavandes ou les thyms, par exemple, mais jamais sur Persica..

Réchauffement climatique

C’est un lieu commun : Quand on n’a vraiment plus rien à dire,
on parle de la pluie et du beau temps.

A la télé, c’est pareil, plus de réels sujets qui vaillent.
Il n’y a plus de faim dans le monde, plus de tensions au Proche Orient, plus d’inégalités sociales, plus de chômage, ni de starlettes qui montrent leur talent à tous les passants. Même plus d’ecclésiastiques pédophiles, de cyclistes dopés, ni de scandales financiers.

Il faut bien parler de quelque chose. Alors, parlons du réchauffement climatique.

Sans ça, que deviendraient les journalistes cathodiques? Ils iraient pointer à Pôle Emploi.

Et les chercheurs, donc ? Des budgets de recherche qui se réduisent comme peau de chagrin.
Même dans les domaines prometteurs. A fortiori, si vous travaillez dans un labo d’Éthologie..
Surtout si, par malheur, vous avez centré vos travaux sur les mœurs sexuelles des pinnipèdes,
Crédits intégralement supprimés, c’est totalement râpé.
Sauf si vous acceptez de vous mettre au goût du jour, au prix d’une très légère inflexion.

Réchauffement climatique : effets sur l’homosexualité des phoques.

Ça, c’est vendeur. Les sponsors affluent.

Vous n’avez encore écrit que le titre ? Qu’importe ? vous êtes déjà invité au 20 Heures.

Vous ne connaissez strictement rien de l’Histoire des climats ? C’est encore mieux, vous pourrez en parler de façon d’autant plus claire et péremptoire. C’est ça, l’essentiel.

Prenez exemple sur Hulot (pas Monsieur Hulot, l’attendrissant personnage de Tati, non, son homonyme, prénommé Nicolas, le prophète asthmatique des économies d’énergies en 4×4 Turbo diesel)

Utilisez des formules simples, qui frappent le bon peuple .

  • La température augmente, ceux qui disent le contraire sont des criminels.
  • On n’a jamais vu ça auparavant.
  • Nous sommes à la veille d’une catastrophe planétaire
  • Tout ça, c’est la faute de l’homme, avec ses mobylettes qui polluent et ses vaches qui pètent.

Et ne vous laissez pas impressionner par d’éventuels contradicteurs, géologues, glaciologues ou historiens, on ne leur donnera pas le micro..

Répondre point par point serait longuet, Je vous le ferai en plusieurs « saisons », comme disent les cuistres qui veulent se donner un petit air show-business US.

Au secours, mon citronnier est malade !

Au secours, mon citronnier est malade !

Ah, ces appels poignants de mamans éperdues pour le moindre pet de travers de leur premier lardon. Vite ! le SAMU..
Ou d’acheteurs récents d’un agrume en pot dont les feuilles font un peu la tronche : « Au secours, mon citronnier est malade ! »
Après examen attentif des photos, il s’agit, neuf fois sur dix, d’une plantouille qui, tout simplement, a faim.
Ou soif. Ou bien, qui est en train de se noyer à cause d’une maudite soucoupe pleine d’eau sous le pot. Ou du substrat, pas assez drainant.
Pas de quoi envoyer les hélicos. Ni une équipe complète d’urgentistes.

Rassurée, la cliente ? En partie seulement, car un peu dépitée de ce que l’anomalie, qu’elle pressentait catastrophique, soit en fait si anodine. Et surtout que la cause en soit sa propre incapacité à reconnaître les besoins les plus élémentaires de son élève.


De l’eau, un peu de compost, une pincée d’engrais..

Un peu comme l’état de santé des petits sahéliens, qui serait plus sûrement amélioré en envoyant des bénévoles de Bouchers Sans Frontières, plutôt qu’en leur balançant nos rebuts de vieux médocs périmés récupérés de nos armoires à pharmacie…

Dans le cas sur dix restant, c’est plus grave : une attaque de phytophtora (une maladie crypto foudroyante dont on ne vient à bout que par un traitement radical à l’aliette).
Mais, comme la dame a assorti sa demande d’aide d’un impératif catégorique : « seulement du naturel ! je ne veux que des traitements bio » et qu’il n’existe pas d’alternative à l’aliette (molécule chimique, pas bio du tout), même le purin de mouron pour les petits oiseaux est inopérant…
Il ne reste plus qu’à lui conseiller de porter son citronnier à l’incinérateur. Pour éviter la contagion.

Personnellement, j’évite, chaque fois que je le peux, de recourir aux « molécules ».

Sauf quand c’est nécessaire. Il faut savoir ce que l’on veut.

Si l’on est adepte du libéralisme mondialiste intégriste et de la libre concurrence, il faut accepter de laisser fermer l’usine non compétitive.
Si l’on est Hulotien fondamentaliste (ce qui finalement revient au même que libéral forcené), il faut savoir, là aussi, renoncer à toute forme d’interventionnisme.
Et laisser crever le citronnier.

Pour que vivent, dans une sainte concurrence, des spores de phytophtora libres sur des agrumes libres.

Les potagers en carré.

Impossible d’ouvrir un magazine ou un site de jardinage sans buter sur le sempiternel reportage branché : Les potagers en carré.

Certains, qui ont tendance à confondre l’histoire du moyen-âge et les monologues de Pierre Dac, n’hésitent pas à assurer de façon péremptoire que cette mode est une résurgence des carrés de simples des herbariums des monastères bénédictins.
En fait, elle nous vient d’Amérique, tout comme le phyloxéra, le coca-cola, la phytolacca et la mondialisation triomphante. La paternité en revient à un certain Bartholomew, assurément meilleur promoteur de design que jardinier. Il en a fait sa bible. Et s’est attelé à évangéliser la planète. Sans avoir recours à des missionnaires style Témoins de Jehovah. Plus simple de se mettre les médias dans la poche..

La contagion est fulgurante. Surtout chez les néo jardiniers.

Ils débarquent de la ville, forts de leur expérience de deux pots de pélargoniums sur le balcon de leur précédent appartement et de la lecture pieuse du Net et/ou du supplément jardin de Madame Figaro. Ils abordent ainsi, sûr d’eux, l’agriculture moderne, écologique, et salvatrice de la Planète. Regardant avec réprobation les pratiques périmées des jardiniers locaux. Leur première – et quasi unique –  préoccupation, avant de créer leur potager, n’est pas de se renseigner sur les maxima et minima du climat local, ni sur le pH du sol ou sa structure. Non, c’est de connaître les fournisseurs locaux de bois pour construire leurs lignes Maginot potagères .

Il nous en est débarqué un couple, récemment. Un musicien et une designer. Pour s’installer en télé-travail. Très Hulotiens bling-bling… Comme j’ai, dans mon coin perdu, une vague petite réputation (très surfaite) de jardinier, ils sont venus me consulter…
Je tiens beaucoup à la correction de mes écrits : mon expression orale est beaucoup plus relâchée. Je ne retranscris donc pas le contenu intégral de la réponse que je leur ai donnée.
Mais elle a solidement contribué à renforcer mon surnom de bourru.

Car, si c’est une sage précaution, dans ma Normandie natale, de surélever sa planche d’échalotes pour bien drainer le sol et éviter qu’elles ne pourrissent, en revanche, dans mon  coin d’adoption où l’on peut rester six mois d’affilée sans voir une goutte de pluie (et où le sol sableux s’assèche complètement en deux jours de mistral) planter ses salades à un mètre au dessus du sol initial tient du masochisme absolu.
Chez nous, on aurait sans doute plus d’enseignements à tirer des traditions de culture en fosses inondables des jardiniers arabo-andalous de Grenade que des élucubrations de gourous californiens dans le vent…

Nos deux jeunes catéchumènes ont donc construit leurs îlots, bien orthogonaux (peut-être, avaient-ils la nostalgie de l’ordonnancement rigoureux des immeubles de leurs quartiers d’origine ?).  Ils n’ont rien récolté, malgré des arrosages répétés ?  Qu’importe, ils sont sûrs d’avoir raison, contre les locaux attardés et leurs traditions dépassées..

Vivent les carrés ! C’est branché, les carrés..
Je leur avais pourtant suggéré d’essayer les triangles équilatéraux, plus mystiques.

Ils ont refusé… Trop maçonniques, ont-ils dû penser..

Être dans le vent? Une ambition de feuille morte, disait Jean Duché..