Au secours, mon citronnier est malade !

Au secours, mon citronnier est malade !

Ah, ces appels poignants de mamans éperdues pour le moindre pet de travers de leur premier lardon. Vite ! le SAMU..
Ou d’acheteurs récents d’un agrume en pot dont les feuilles font un peu la tronche : « Au secours, mon citronnier est malade ! »
Après examen attentif des photos, il s’agit, neuf fois sur dix, d’une plantouille qui, tout simplement, a faim.
Ou soif. Ou bien, qui est en train de se noyer à cause d’une maudite soucoupe pleine d’eau sous le pot. Ou du substrat, pas assez drainant.
Pas de quoi envoyer les hélicos. Ni une équipe complète d’urgentistes.

Rassurée, la cliente ? En partie seulement, car un peu dépitée de ce que l’anomalie, qu’elle pressentait catastrophique, soit en fait si anodine. Et surtout que la cause en soit sa propre incapacité à reconnaître les besoins les plus élémentaires de son élève.


De l’eau, un peu de compost, une pincée d’engrais..

Un peu comme l’état de santé des petits sahéliens, qui serait plus sûrement amélioré en envoyant des bénévoles de Bouchers Sans Frontières, plutôt qu’en leur balançant nos rebuts de vieux médocs périmés récupérés de nos armoires à pharmacie…

Dans le cas sur dix restant, c’est plus grave : une attaque de phytophtora (une maladie crypto foudroyante dont on ne vient à bout que par un traitement radical à l’aliette).
Mais, comme la dame a assorti sa demande d’aide d’un impératif catégorique : « seulement du naturel ! je ne veux que des traitements bio » et qu’il n’existe pas d’alternative à l’aliette (molécule chimique, pas bio du tout), même le purin de mouron pour les petits oiseaux est inopérant…
Il ne reste plus qu’à lui conseiller de porter son citronnier à l’incinérateur. Pour éviter la contagion.

Personnellement, j’évite, chaque fois que je le peux, de recourir aux « molécules ».

Sauf quand c’est nécessaire. Il faut savoir ce que l’on veut.

Si l’on est adepte du libéralisme mondialiste intégriste et de la libre concurrence, il faut accepter de laisser fermer l’usine non compétitive.
Si l’on est Hulotien fondamentaliste (ce qui finalement revient au même que libéral forcené), il faut savoir, là aussi, renoncer à toute forme d’interventionnisme.
Et laisser crever le citronnier.

Pour que vivent, dans une sainte concurrence, des spores de phytophtora libres sur des agrumes libres.

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