RESTAURER UN VIEIL ARBRE

On ne peut rajeunir un animal, mais on peut redonner une jeunesse à un vieux pommier décrépit…

Quelques rappels botaniques

Vitesse de circulation des flux de sève et orientation du rameau

Les flux de sève (sève brute : des racines aux feuilles et sève élaborée : des feuilles aux racines) ont des intensités différentes selon l’orientation des rameaux dans lesquels ils circulent.

– Circulation importante et rapide dans le rameau vertical, conférant vigueur de végétation et formation d’yeux à bois.

– Circulation réduite et ralentie dans le rameau horizontal, entraînant la formation d’yeux à fleur (et donc à fruits).

Avec toutes les variantes intermédiaires, quand le rameau est plus ou moins oblique.

Évolution dans le temps du rameau

À sa naissance, le rameau pousse vigoureusement et bien droit : c’est le gourmand (c’est lui que l’on recherchera et prélèvera comme greffon). Très forts flux de sève, ascendante et descendante

Après quelques années de pousse, le rameau, forci, commence à s’incliner sous le poids des premiers fruits.

Cette arcure naturelle se poursuit, le rameau sur lequel s’installe un nombre croissant de bourses devient la branche fruitière et tend vers l’horizontale. La circulation de sève se ralentit

Avec le temps, la branche fruitière, sous le poids de fruits trop nombreux, dépasse l’horizontale et pique vers le sol ; cette branche vieillissante devra être rajeunie ou remplacée.

Évolution dans le temps de l’architecture de l’arbre

  • Stade juvénile: majorité de rameaux verticaux, l’arbre poursuit sa croissance et ne porte pas (ou peu) de fruits
  • Maturité : chaque charpentière se prolonge de plusieurs branches fruitières, inclinées et tendant vers l’horizontale. Ces branches continuent cependant de produire des gourmands. L’architecture générale de l’arbre reste aérée. L’arbre est en état d’équilibre : le volume aérien est proportionné au volume souterrain qui l’alimente.
  • Décrépitude: le volume aérien poursuit sa prolifération. Un nombre excessif de branches se sont installées sur les charpentières. Elles s’entrecroisent en fouillis et constituent plusieurs étages de canopée, empêchant le soleil de pénétrer . L’arbre fabrique de plus en plus de fruits de plus en plus petits. On est bien en peine de trouver un rameau pouvant servir de greffon.

Cette évolution naturelle n’est pas inéluctable. Le règne végétal présente un avantage considérable sur le règne animal : l’arbre peut « se moquer du temps qui passe », quelquefois spontanément (branches brisées par la tempête ou rameaux taillés par les chèvres), mais le plus souvent grâce à l’intervention humaine :

  • – Arcure pour amener une maturité plus précoce
  • – Taille pour maintenir plus longtemps en pleine maturité
  • – Élagage et restructuration pour rajeunir et ragaillardir un fruitier négligé.

Restaurer un arbre fruitier abandonné

Débroussailler toute la surface à l’aplomb de la ramure ; cette opération permet à la fois un accès plus facile pour toutes les actions ultérieures et, surtout, supprime la concurrence qu’une végétation indésirable fait à l’arbre.

Regarder l’arbre

– Repérer le bois mort et les drageons de porte-greffe.

– Apprécier la structure générale actuelle de l’arbre. État du tronc.  Volume global de la ramure. Centre encombré ou dégagé (croisement de branches). Nombre et orientation des charpentières. Nombres d’étages de ramure. Densité des bourses à fruits sur les branches fruitières.

– Imaginer le volume racinaire, le ratio actuel volume ramure / volume racinaire, l’architecture idéale pour un retour à l’équilibre

Intervenir

– C’est à dire couper avec tronçonneuse, scie, élagueur, sécateur ou serpette.

– Procéder d’abord aux ablations lourdes et élevées.

– Si besoin, arrimer la branche à couper avec des cordes, pour éviter les dégâts occasionnés par la chute sur les branches à conserver.

– Toujours (presque) faire la coupe sur empattement, sans laisser de « chicot ».

– Parer les plaies à la serpette.

– Ne pas laisser sur place le bois de taille.

L’objectif de l’intervention est de ramener l’équilibre entre les ressources de l’arbre (puissance estimée du système racinaire + surface foliaire directement insolée) et ses consommations (linéaire de rameaux fruitiers à alimenter). Il faut donc réduire la ramure pour retrouver l’optimum de surface foliaire efficace, et pas plus.

Attention : une intervention trop violente risque de trop rajeunir l’arbre: au lieu de lui faire retrouver l’âge adulte, on risquerait de le faire retomber en enfance (prolifération de gourmands et arrêt momentané de fructification)

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