Si l’on en croit les Cassandres, le réchauffement climatique qui pour l’instant n’a de réalité que dans les modèles de nos CAO (i.e.climatologues assistés par ordinateur) ferait peser sur l’humanité la menace de catastrophes encore jamais vues et assurément irrémédiables.
Ils sont excusables. Sans doute, extrapolent-ils des catastrophes en chaîne que le dernier réchauffement a provoquées.
Il y a 18 000 ans, l’homme était peinard. Bien emmitouflé dans sa peau d’ours, il passait son temps à chasser le renne et le mammouth quand, soudain, la glace commençe à fondre.
A peine 8 000 ans plus tard, comme le fond de l’air continuait de se réchauffer, voila que la flore se met à évoluer. Des graminées comestibles remplacent les lichens. Cet apprenti sorcier essaie de les semer et.. malédiction, ça marche, il avait inventé l’agriculture.
Ce fut la première de toute une série de catastrophes. Dès lors, c’est l’engrenage infernal.
Voilà qu’il domestique des animaux sauvages. C’est le fléau de l’élevage.
Désormais à l’abri de la famine, il fornique comme un malade, se multiplie comme un lapin. Au lieu de vagabonder, insouciant, comme il le faisait jusqu’alors, il se sédentarise. Construit des maisons et des villes (les scandales immobiliers sont déjà en gestation). Après, tout va s’enchaîner, inexorablement :
L’accumulation des richesses, l’écriture, les grands empires, la violence, le langage SMS, Mickael Jackson, les Fonds de Pension..
On comprend l’effroi de nos philosophes à la mord-moi-le-micro, à l’idée que de telles catastrophes puissent bientôt se renouveler .
Un peu trop timorés sans doute, car enfin, dites moi donc quelles seraient les conséquences réelles du déplacement – de la Bretagne à la Scandinavie – de la zone de production du chou-fleur ?
Nos agriculteurs bretons sont vaillants et inventifs. Ils sauraient rapidement se reconvertir dans la banane. C’est pourtant simple.
Et les choses continueraient leur traintrain. On continuerait de leur imposer des prix de reprise ridicules. Ils manifesteraient devant les préfectures, comme d’hab. Le seul changement notable, c’est qu’au lieu d’y déverser leurs artichauts invendus, ils balanceraient leurs ananas, voila tout.
Les gens du Nord, qui aiment tant les oliviers au point d’en cultiver sur leur balcon dans des bacs Riviera, pourraient enfin les voir pousser en pleine terre. Pour bientôt, la bonne huile vierge, première pression à froid, en provenance directe du Brabant ?
Quant aux belles eskimaudes, serait-ce une catastrophe si, au lieu de devoir s’enduire de graisse de phoque avant de plonger dans les eaux glacées, elles pouvaient se dorer, en bikini, sous les cocotiers des plages de la Terre de Baffin ?
[…] Alors, faut bien parler de quelque chose. Alors, parlons du réchauffement climatique. […]