La complainte du phoque en Alaska

 La complainte du Phoque en Alaska

Michel Rivard

Crois-moi, crois-moi pas, quelque part en Alaska
Y a un phoque qui s’ennuie à maudire
Sa blonde est partie gagner sa vie
Dans un cirque aux États-Unis

Le phoque est tout seul, il regarde le soleil
Qui descend doucement sur le glacier
Il pense aux États en pleurant tout bas
C’est comme ça quand ta blonde t’a lâché

Ça vaut pas la peine
De laisser ceux qu’on aime
Pour aller faire tourner
Des ballons sur son nez
Ça fait rire les enfants
Ça dure jamais longtemps
Ça fait plus rire personne
Quand les enfants sont grands

Quand le phoque s’ennuie, il regarde son poil qui brille
Comme les rues de New York après la pluie
Il rêve à Chicago, à Marilyn Monroe
Il voudrait voir sa blonde faire un show

C’est rien qu’une histoire, je peux pas m’en faire accroire
Mais des fois j’ai l’impression que c’est moi
Qui est assis sur la glace les deux mains dans la face
Mon amour est partie puis je m’ennuie

Ça vaut pas la peine
De laisser ceux qu’on aime
Pour aller faire tourner
Des ballons sur son nez
Ça fait rire les enfants
Ça dure jamais longtemps
Ça fait plus rire personne
Quand les enfants sont grands

Escale

Escale

Jean Marèze (frère de Francis Carco)
https://www.youtube.com/watch?v=PtyrVquCYv4

Le ciel est bleu, la mer est verte
Laisse un peu la fenêtre ouverte.

Le flot qui roule à l’horizon
Me fait penser à un garçon
Qui ne croyait ni Dieu ni diable.
Je l’ai rencontré vers le nord
Un soir d’escale sur un port
Dans un bastringue abominable

L’air sentait la sueur et l’alcool
Il ne portait pas de faux-col
Mais un douteux foulard de soie
En entrant je n’ai vu que lui
Et mon cœur en fut ébloui
De joie.

Le ciel est bleu, la mer est verte
Laisse un peu la fenêtre ouverte.

Il me prit la main sans un mot
Et m’entraîna hors du bistrot
Tout simplement d’un geste tendre
Ce n’était pas un compliqué
Il demeurait le long du quai
Je n’ai pas cherché à comprendre

Sa chambre donnait sur le port
Des marins saouls chantaient dehors
Un bec de gaz d’un halo blême
Éclairait le triste réduit
Il m’écrasait tout contre lui
Je t’aime

Le ciel est bleu, la mer est verte
Laisse un peu la fenêtre ouverte.

Son baiser me brûle toujours
Est-ce là ce qu’on dit l’amour ?
Son bateau mouillait dans la rade
Chassant les rêves de la nuit
Au jour naissant il s’est enfui
pour rejoindre les camarades

Je l’ai vu monter sur le pont
Et si je ne sais pas son nom
Je connais celui du navire
Un navire qui s’est perdu
Quant aux marins nul n’en peut plus
Rien dire

Le ciel est bas, la mer est grise
Ferme la fenêtre à la brise.

À l’enseigne de la fille sans coeur

À l’enseigne de la fille sans coeur

Gilles (Jean Villard)

http://www.ouvirmusica.com.br/gilles-jean-villard/1338681/#mais-acessadas/1338681

 

Le ciel est bleu, le vent du large

Creuse la mer bien joliment.

Vers le port, montant à la charge,

Galopent seize escadrons blancs.

C’est un port tout au bord du monde

Dont les rues s’ouvrent sur l’infini

Mais de là, comme la terre est ronde,

On ne voit pas les États-Unis.

 

Tout le monde s’en fout, ‘y a du bonheur,

‘y a un bar chez Rita la blonde.

Tout le monde s’en fout, ‘y a du bonheur

À l’enseigne de la Fille Sans Cœur !

L’accordéon joue en majeur

Les refrains de ce vaste monde.

‘y a la belle blonde,

Cette rose en fleur,

À l’enseigne de la Fille Sans Cœur.

 

Dans ce petit bar, c’est là qu’elle règne.

On voit flamber sa toison d’or.

Sa bouche est comme un fruit qui saigne

Mais on dit que son cœur est mort.

Pourtant les gars sont là, tout drôles :

Les p’tits, les durs, les malabars

Qui entrent en roulant des épaules

‘y en a qui sont venus d’Dakar.

 

‘y en a d’Anvers, ‘y en a d’Honfleur,

Bourlinguant parfois jusqu’aux pôles.

Ils la regardent, c’est tout leur bonheur,

Mais pas un ne connaît ses faveurs.

L’accordéon joue en majeur

Tous les airs : les tristes, les drôles…

‘y a des gars qui jouent leur bonheur

À l’enseigne de la Fille Sans Cœur.

 

Le patron connaissait la musique :

Il aimait le son des écus.

Il disait à sa fille unique :

« Fuis l’amour, c’est du temps perdu ! »

Mais un soir, la mer faisait rage…

On vit entrer un étranger

Aux beaux yeux d’azur sans nuages.

C’est alors que tout a changé…

 

Il a regardé la fille sans cœur.

Elle était comme un ciel d’orage.

Quelqu’un a fait : « ‘y a un malheur »

On entendait battre les cœurs.

L’accordéon joue en mineur

Un refrain dans le vent sauvage.

‘y a une fille, le visage en pleurs,

À l’enseigne de la Fille Sans Cœur.

 

Il a dit : « C’est toi, ma divine ! »

Elle répondit : « Je suis à toi… »

Il l’a serrée sur sa poitrine.

Elle a pleuré entre ses bras.

Les autres alors, mélancoliques,

Sont partis avec un soupir…

Le vent chantait sur l’Atlantique

Pour ce cœur qui venait de s’ouvrir.

 

Ils ont filé vers leur grand bonheur.

Le patron dut fermer boutique.

On l’a vu boire toutes ses liqueurs

À l’enseigne de la Fille Sans Cœur,

Oui, mais l’État, cet accapareur,

Qu’a toujours le sens du comique

A mis le bureau du Percepteur

À l’enseigne de la Fille Sans Cœur…

 

Le doux caboulot

Le doux caboulot

Francis Carco

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Le doux caboulot
Fleuri sous les branches
Est tous les dimanches
Plein de populo.

La servante est brune,
Que de gens heureux
Chacun sa chacune,

L’une et l’un font deux.
Amoureux épris du culte d’eux-mêmes.
Ah sûr que l’on s’aime,
Et que l’on est gris.

Ça durera bien le temps nécessaire
Pour que Jeanne et Pierre
Ne regrettent rien.