Monthly Archives: novembre 2014

Qu’est ce qui fait fondre les pôles ?

Qu’est ce qui fait fondre les pôles ?
Quelle question de Béotien ! Il suffit d’interroger le premier malthusien qui passe.. Il vous donnera la réponse, nette et sans bavure.
C’est l’Homme..
L’Homme, ce mammifère nuisible, qui pollue la Planète. Ah ! que la Terre serait belle s’il n’y avait plus d’humains ! Juste les petits oiseaux… L’Homme, qui fornique et se multiplie, l’Homme qui brûle le charbon et le pétrole, et qui respire, en rejetant du gaz carbonique. Non, ne dites pas gaz carbonique, certains pourraient se souvenir que ça peut être utile, le gaz carbonique (sans lui, la totalité des végétaux disparaîtrait immédiatement). Dites plutôt di-oxyde de carbone, ça impressionne d’avantage le citadin.
Pas la peine de discuter, on se tue à vous le répèter : c’est le gaz carbonique, produit par l’homme, et par ses vaches, qui pètent.. Ca fait effet de serre !
Même si CO2 est loin d’être l’agent le plus important de l’effet de serre, il est exact que la teneur de l’atmosphère est passée de 0,03% à 0,035% pendant l’Ère Industrielle. Mais les analyses de carottes de glace de l’Antartique, datant du précédent interglaciaire, présentent, elles aussi, des augmentations de la teneur en CO2 corrélées avec le réchauffement de l’époque. Sauf à faire l’hypothèse hasardeuse d’une activité effrénée de Néanderthal à tailler des bifaces, il n’y avait pas d’activité industrielle à l’époque. Est-ce donc, comme on nous le rabâche, l’augmentation du CO2 qui crée le réchauffement ou le réchauffement qui augmente le CO2 ?
Quelle que soit l’incertitude sur la culpabilité de l’Homme et de son activité dans le réchauffement climatique, suivons les préceptes de nos bons apôtres : fermons toutes nos usines. Et que les chômeurs marchent à pied.
Il semble que ces consignes ont déjà été largement suivies. Alléluia !
NB- Entre parenthèses, vous êtes-vous posé la question de ce qui se passerait si l’on en finissait, une bonne fois, avec ce funeste effet de serre ? On aurait un climat très sain : une température moyenne aux alentours de 0°, avec du -30° la nuit, et du +50 ou 60° le jour. Sale temps, pour les microbes..

Le temps des Jules d’Etat.

On se sent protégés.

Nous sommes de grands enfants, inconscients du danger. Toujours prêts à faire les pires bêtises et risquant à tout instant l’accident, la mort parfois. C’est pourquoi l’on a inventé les anges gardiens. Qui assurent 24h/24, 7jours/7, une bienveillante surveillance rapprochée pour notre plus parfaite sécurité.
Ils sont de plus en plus nombreux et de plus en plus vigilants. Leur sollicitude à l’égard des bipèdes est inlassable. Elle s’étend désormais à la quasi-totalité des activités imaginables. Des exemples ?
On laisse la broussaille envahir tout alentour de la maison. C’est inflammable, on risque de griller vifs. Les anges sont là pour veiller à ce qu’on la coupe, dans un rayon de 100m autour de la maison. Sous peine d’amende. Même si c’est chez le voisin.
La couper, c’est un début, mais on ne peut pas la laisser sur place. Le premier réflexe ? En faire des tas et y mettre le feu ? Inconscience ! C’est nocif pour la santé, la fumée fait tousser. Pour protéger notre santé, une réglementation interdit désormais l’écobuage. Faut pas rigoler avec la santé. Et, pour empêcher des irresponsables, on monte à grands frais des tours d’observation, pour détecter à distance le jardinier inconscient qui s’aviserait de faire brûler ses fanes de patates. C’est si simple de louer un camion pour emporter tout ça à la déchetterie. Voilà une démarche respectueuse de l’environnement, surtout si c’est un camion électrique.
Que dire des myopes portés sur la bouteille qui confondent les étiquettes du pastis et du désherbant ? Ce risque majeur va disparaître. De façon radicale, en interdisant la vente de ces ersatz d’apéro. Aux amateurs, pas aux pros. Parce que sans doute, en arboriculteurs expérimentés, savent-ils distinguer le 2D4 du guignolet cassis.
Mais le plus utile concerne cette irrépressible tentation qui systématiquement me pousse à envoyer les effluents de ma fosse septique dans mon bassin de captage d’eau potable. Sans la venue d’un trisomique assermenté (qui tous les deux ans, vient vérifier que je ne l’ai pas fait 98€), sans doute y sucomberais-je stupidement. Veiller à ce que nous buvions une eau saine, est-ce trop cher payer ?
La protection de notre santé n’impacte pas seulement les activités champêtres.. Elle étend ses bienfaits à des activités citadines.
Avez-vous récemment acheté une prise électrique multiple ? Vous vous êtes sans doute demandé pourquoi il est si difficile d’y introduire une fiche, et encore plus de l’extraire ? C’est parce qu’on l’a équipée d’un dispositif de sécurité très efficace. Pour nous dissuader d’introduire le bout de la langue dans l’orifice (sont-ils nombreux, les imprudents qui testent de cette façon si le 220 passe bien ?). Ne râlez pas, ça ne vous prendra guère qu’une dizaine de minutes pour faire sauter le bout de plastique qui obstrue le trou d’entrée de la prise.
Pour la voiture, l’achat obligatoire d’un costume fluo pour changer sa roue ou d’un éthylotest, sont de la même farine.. De mauvaises langues insinuent que des pots de vin auraient…
L’obligation d’équiper sa maison de détecteurs de fumée est, elle aussi, digne d’éloges. Et d’une grande utilité pour ceux qui ont le nez bouché…
Et, comment l’État pourrait il rester indifférent devant des fléaux tels que le tabagisme et l’alcoolisme ? Nos infatigables protecteurs ont trouvé un moyen pédagogique pour nous en dissuader : des taxes de l’ordre de 300 à 500 % du prix de production.
Nous allons enfin pouvoir vivre en toute sécurité, car il ne va bientôt plus exister de dangers contre lesquels nous ne soyons protégés. Si ce n’est, bien sûr, les pickpockets, le racket de France Télécom et les agressions à main armée. Mais ils y travaillent. Les solutions ne devraient pas tarder…
Un problème de vocabulaire : je ne sais comment désigner ces anges gardiens dévoués qui nous protègent (même et surtout quand on ne leur a rien demandé). Des protecteurs ? Le terme est ambigu et pourrait prêter à confusion avec d’autres corporations : ceux qui avaient trouvé moyen de gagner leur vie en mettant une ou plusieurs filles sur le trottoir. En langage châtié, on les appelait des protecteurs, la justice employait le terme de proxénète, en argot, on disait des maquereaux (ou des Julots).. Il serait fâcheux de laisser planer la confusion entre ces parasites exploitant les femmes, et nos politiques modernes qui ne font pas ça pour l’argent (ils se soucient exclusivement de notre santé et de l’environnement !). Les premiers n’avaient pour formation que l’école de la rue, les nôtres ont suivi les cours de l’ENA..

Des œufs à la cloque..

J’adore les pêchers, leur feuillage, leur floraison superbe, et leurs fruits bien sûr, les délicieuses pêches..
Un arbuste sympathique, venant bien en tous terrains et sans grands problèmes.
Sauf la maudite cloque.

Une affection cryptogamique provoquée par un ascomycète : le Taphrina deformans.
Peu grave, les années où le printemps est chaud et sec, même un peu venteux. Mais détestable, les autres années, quand un printemps froid et humide se prolonge et que, de surcroît, on a oublié d’aérer la ramure.
Quand les feuilles attaquées rougissent, cela peut donner, parfois, un curieux et délicieux spectacle, d’un rouge éclatant, mais qui épuise l’arbre.

Le pire, c’est que, quand le mal s’abat sur le verger, c’est trop tard. C’est avant qu’il aurait fallu traiter ce maudit champignon. Et pas avec n’importe quoi, la bouillie bordelaise reste quasi inopérante. Les sels de zinc font à peine mieux. Il y a bien quelques molécules* efficaces, mais elles ne sont accessibles qu’aux pros. Les défenseurs de la Planète (et des affections cryptogamiques réunis) en ont fait interdire la vente aux particuliers.
Bien sûr, on peut aller en Espagne, car nos voisins, après quarante ans de Franquisme, ne sont pas d’humeur à accepter sans broncher les oukases d’une dictature verte.

Dans les situations sans issues, il ne reste plus que le recours à la magie. Depuis une quinzaine d’années, un rituel, colporté par le web, a converti une bonne partie des néo-jardiniers. Il consiste à accrocher des coquilles d’œufs dans les branches, nouées dans un collant de dame.

    Ça marche ?

Les années où il n’y a de cloque nulle part, il n’y en a pas non plus dans les arbres aux collants. Les autres années, quand la cloque est partout, tout le monde morfle, les arbres nus comme les encoquillés. Les thuriféraires du culte de l’œuf ne désarment pas pour autant : » c’est sans doute que les œufs n’étaient pas bio, ou que le collant… »

D’esprit rétif au jardinage mystique, mais formé à la méthode expérimentale, j’ai donc procédé à des essais systématiques. Selon un protocole tatillon, comme il se doit.
Un arbre sur deux transformé en épouvantail, les autres tout nus. Des mêmes variétés, car certaines y sont très sensibles, et d’autres moins. Cela aurait pu perturber les résultats :
aucune différence.

Poussant plus loin mon expérimentation, j’ai même testé un changement de support : remplacer ces hideux collants par des bas de soie retenus par d’affriolants porte-jarretelles. C’est incontestablement beaucoup plus sexy, mais tout aussi inefficace.

Si vous ne pouvez vous procurer de la dodine (c’est le nom de la molécule), ou si vos croyances religieuses vous en interdisent l’utilisation, rassurez vous, il existe une solution.
Ne plus planter de ces variétés récentes, particulièrement sensibles à la cloque et sélectionnées exclusivement pour répondre au cahier des charges des centrales d’achat (calibre, coloration de l’épiderme, résistance au transport, précocité)… Et achetez, si vous en trouvez, de vieilles variétés qui étaient plus résistantes.

Mieux encore (mais cela exige d’avoir pas mal de terrain et de patience), semez des noyaux de fruits poussant sur des spontanés. Léveront alors des hybrides qui en tant que tels seront robustes et résistants. Certains marchands, faisant feu de tout bois, les appellent « pêches de vigne », comme s’il s’agissait d’une variété distincte. Ce n’est pas le cas. Ce ne sont que des francs de semis, (qu’autrefois, les viticulteurs plantaient en tête de raie, comme plante cobaye, indicatrice précoce de l’arrivée d’une poussée de blanc)..
Faites beaucoup de semis, car vous ne saurez pas à l’avance sur quel type de fruit vous tomberez :

– résistants ou non à la cloque,
– à noyau adhérent plus souvent que libre,
– de maturité plus tardive que précoce,
– parfois farineux, mais parfois juteux et délicieux,
– de calibre hétérogène.

Goûtez, sélectionnez ceux qui vous plaisent,  arrachez impitoyablement ceux qui ne vous conviennent pas. Et resemez les noyaux des fruits de ceux qui vous plaisent. Et ainsi de suite. Autant de fois que vous pourrez..
Le pêcher est un arbre qui passe vite à fruit. En douze ans, on arrive à faire quatre générations.
Ce qui suffit presque à isoler une lignée (ou plusieurs) d’arbres aux fruits conformes à vos goûts et assez résistants à la cloque.

Et cette sélection aura, en plus, ce mérite infini d’être LA VÔTRE.

Quant  à vos coquilles d’œufs, vous pourrez toujours vous en servir pour les incorporer dans le sol, au pied de plantes friandes en calcaire : les lavandes ou les thyms, par exemple, mais jamais sur Persica..