Auteur | réponse |
Bernard7895
Novice en jardinage
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mardi 4 octobre 2016 à 16:16
Bonjour,
Je viens de trouver une méthode de mesure du pH des sols. Il s'agit, en fait, de la norme ISO (internationale) : ISO 10390:2005. Sur le web c'est pratiquement introuvable... quoique, en cherchant bien, sur la 54 ième page de recherche Google, j'ai fini par trouver. Cette norme est disponible gratuitement en Belgique, disponible également en Suisse mais là c'est payant (58 Francs Suisse). Je n'ai trouvé aucun lien de téléchargement en France. Sur le site belge, donc, j'ai téléchargé la norme au format pdf. Comme il n'est apparemment pas possible d'ajouter des pièces attachées ici, j'ai téléchargé cette norme sur mon espace web, dont voici l'url :
http://bdebreil.free.fr/pHdesSols.pdf
Pour un jardinier amateur il est sans doute possible de simplifier la méthode et l'adapter. Je commente ci-après la méthode simplifiée telle que je l'envisage :
Prendre plusieurs échantillons de terre, non pas en surface, mais entre 10 et 30 cm de profondeur, une poignée pour chaque échantillon, dans plusieurs endroits de la parcelle à mesurer. Homogénéiser autant que possible. Ceci étant fait, prélever la valeur d'une tasse à thé. La mienne fait 180 ml. Dans cette tasse à thé de 180 ml, on considère que la moitié est de la terre sèche, l'autre moitié étant l'eau d'humidification. Certes, cela dépend de l'humidité réelle de la terre selon qu'il a plu récemment ou non… mais au final je suis convaincu que cela ne devrait pas vraiment changer grand chose au résultat de la mesure.
L'échantillon doit théoriquement être ensuite sèché puis tamisé. Le sèchage n'a qu'un seul but: permettre de mesurer une quantité de terre, car si l'on mesure la terre telle quelle, selon son humidité, on n'aura pas la même quantité de matière. Mais je préconise de sauter cette étape car, selon la méthode et la durée du sèchage on va possiblement changer le pH si l'air est plus ou moins pollué, si, par exemple, votre voisin fait ce jour là un barbecue :=) ou si le vent vient de la décharge municipale.
On estimera donc la terre à 50% d'humidité, au pif. On rajoutera à cet échantillon son volume d'eau déminéralisée (celle qui sert dans le fer à repasser), soit une autre tasse à thé. Quant au tamisage avec mailles de 2 mm, on utilisera une passoire à spaghetti au travers de laquelle on forcera l'échantillon de terre ainsi dilué à passer.
Lorsqu'elle est passée au travers de la passoire à spaghetti, la terre est donc déjà diluée trois fois par rapport à ce que serait la terre sèchée (la moitié de la tasse représente le volume estimé pour l'humidité naturelle, l'autre moitié de la tasse est le volume théorique de la terre sèche), puis 2 volumes (une tasse) ajoutés pour permettre le tamisage à travers la passoire, soit trois volumes. La méthode demande à ce que la terre soit diluée six fois (on doit rajouter à l'échantillon sec, cinq fois son volume d'eau, ce qui fait six volumes au total avec le volume de l'échantillon sec), il faudra donc rajouter encore 3 volumes, soit une tasse et demie. Cette dernière tasse et demie d'eau déminéralisée doit normalement contenir du chlorure de potassium dissous en quantité suffisante pour le volume total de mélange, soit six fois 90 ml, soit 540ml, soit 40 grammes de KCl (75g/l au total).
Malheureusement, du KCl pur çà ne se trouve pas comme çà . On doit pouvoir en trouver, mais où ? Les fabricants de pH mètre en vendent en solution toute préparée à prix exorbitant ! J'en ai ici, qui date du temps où tout un chacun pouvait acheter des produits de laboratoire, ce qui n'est plus le cas pour les particuliers. En cherchant sur le web ou doit pouvoir trouver, ne serait-ce qu'en Belgique ou en Suisse. Mais, à mon avis, le chlorure de potassium n'a d'utilité que si l'on fait usage d'un pH mètre, et ce n'est pas indispensable pour une mesure au papier indicateur. C'est que l'électrode de référence de mesure du pH est elle même remplie d'une solution de chlorure de potassium, et que l'appareil pourrait afficher une valeur sensiblement différente si les électrodes étaient trempées dans une solution non ionique ou chargée d'ions autres que K+.
Ensuite il faut théoriquement agiter pendant environ une heure. Hum… Oulala, je n'aime pas beaucoup çà . Comment va-t-on agiter aussi longtemps ? Tout le monde ne dispose pas d'un agitateur magnétique avec des barreaux aimantés recouverts de téflon, comme on en utilise dans les labos ! Je ne saurais même pas où trouver ce matériel… et je ne recommande pas de faire usage d'un agitateur hélicoïdal qui aurait servi à la peinture ou autre chose. Alors il faut adapter. Votre mélange fait un peu moins d'un litre ; il vous faut donc un récipient en plastique avec couvercle, bien nettoyé, qui fasse un litre par exemple. Vous y mettez votre bouillie diluée et chargée du KCl comme indiqué précédemment, vous vissez le couvercle, vous agitez bien pendant une minute puis vous laissez reposer pendant une heure, en secouant toutes les 5 minutes environ. Ensuite, laisser reposer une heure sans remuer, en laissant le couvercle en place.
Pour la mesure, il me paraît inutile de se soucier de la température, du moment qu'elle est à peu-près dans la fourchette 20 – 25°C. Se référer ensuite au mode d'emploi du pH mètre, et faire la mesure, ou encore, utiliser le papier pH. Nous ne visons ici que le dixième de pH, le centième est illusoire et inutile. Que ce soit avec le papier indicateur ou en utilisant le pH mètre, il faut faire la mesure dans le liquide clair, sans remuer.
Mode opératoire résumé : De l'échantillon représentatif homogénéisé, prélever une tasse à thé rase (la mienne fait 180 ml pleine à raz bords), et verser dans un saladier en raclant les bords avec une cuillère à café. Ajouter une tasse d'eau déminéralisée et remuer. Passer au travers d'une passoire à spaghetti bien propre, rincée à l'eau déminéralisée, et récupérer dans un autre récipient ou saladier. Dissoudre 40g de chlorure de potassium dans le volume d'une autre tasse et demie d'eau déminéralisée, et mélanger au reste une fois dissous. Mettre dans un flacon en plastique ou en verre et visser ou fixer le couvercle. Bien secouer pendant une minute et laisser reposer. Secouer 30 secondes toutes les 5 minutes. Au bout d'une heure, laisser déposer une heure de plus sans remuer. Faire la mesure sur la partie claire, directement dans le récipient.
Si l'on ne dispose pas de chlorure de potassium, le dernière tasse ajoutée ne sera que de l'eau déminéralisée, et alors on devra se contenter d'une mesure au papier indicateur. Sinon, faire la mesure en respectant le mode d'emploi du pH mètre.
On peut tenter une mesure au pH mètre sans ajout de chlorure de potassium, mais alors le résultat ne sera peut-être pas très valable ; je ferai des expériences comparatives et vous ferai part des résultats.
Si la tasse ou autre vaisselle choisie pour les mesures de volume a un volume différent de 180 ml, il faudra faire les corrections proportionnelles. Ainsi, s'il s'agit d'une tasse d'un volume de 250 ml, il faudra multiplier le poids de chlorure de potassium à ajouter, par le facteur 250 / 180 = 1,39, soit 40g x 1,39 = 56 g. Attention à ce que le volume total ne dépasse pas la capacité du récipient final, celui qu'on doit pouvoir boucher et secouer.
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Ω Phil 02 Modérateur
Jardinier(e) expert(e)
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mercredi 5 octobre 2016 à 19:22
Bravo Bernard !
On constate que même avec un ph-mètre, on n'échappe pas à une série de manipulations. C'est à douter du progrès en électronique...
On peut peut-être se procurer du KCl tout simplement dans une pharmacie. J'ai déjà commandé des trucs bizarres (acide tartrique, alun, tanin) et toujours avec succès. J'avais aussi acheté du carbonate de calcium et je me suis rendu compte que je pouvais acheter du blanc de Meudon dans un magasin de bricolage pour un prix nettement inférieur. Comme quoi un minimum de connaissance en chimie ne peut pas faire de mal.
On utilise aussi le chlorure de potassium (KCl) en remplacement du chlorure de sodium (sel de table) pour les gens qui doivent suivre un régime sans sodium (sans sel) mais je ne connais pas le niveau de pureté de ce produit...
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Bernard7895
Novice en jardinage
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mercredi 5 octobre 2016 à 22:28
Bonjour Philippe, bonjour à tous,
Pour le KCl, je viens de découvrir qu'on en trouve chez Amazon.
Il y en a une qualité "technique" à 19 Euros les 5 Kg (blanc, 99% pour tous usages agricoles et autres, sans doute pas assez pur pour les mesures qui nous intéressent, car, bien souvent, des produits tels que le carbonate de magnésium ou le stéarate de magnésium sont ajoutés pour faciliter l'écoulement, comme c'est également le cas pour NaCl sel de cuisine). Puis il y a une qualité de laboratoire à 12 Euros les 500 grammes, 99,9%.
Au final je me suis également commandé un agitateur magnétique, car le secouage toutes les 5 minutes ce n'est pas le top, et la dissolution des matières solubles n'est sans doute pas complète.
La mesure que j'ai faite sur un échantillon de terre de mon jardin (au pied de mes choux, ceux qui refusent de pommer), donne un pH de 7.18... ce qui est pratiquement neutre. Alors que, en réalité, ma terre est très alcaline... peut-être pas en terme de pH (car la partie alcaline est pratiquement insoluble), mais en terme de teneur en CaCO3 (calcaire). C'est qu'en effet, si dans la suspension de terre et d'eau je verse un peu d'acide chlorhydrique, non seulement il y a effervescence, mais si je remue çà mousse et çà déborde. Et si je rajoute encore de l'acide, çà remousse... donc il y a davantage de calcaire qu'un chouilla qui aurait été neutralisé par les premières gouttes d'acide.
J'ai un peu recherché ce qu'on pouvait trouver comme documentation sur la composition de la terre arable. Une terre "acide" ne devrait pas donner un pH inférieur à 5,5 - 6, et une terre alcaline ne devrait pas donner plus que 7,5, même si elle est très calcaire, comme on vient de le voir avec la mienne. Alors, pourquoi y-a-t-il des terres qui s'affichent à pH 4, d'autres à pH 9 ? Ceci ne s'explique que par la pollution. Pollution industrielle (pluies acides, irrigation par des eaux polluées acides ou alcalines, pollution atmosphérique en région industrielle...) ou encore, par des traitements chimiques appliqués en abondance par les agriculteurs. Quant aux amendements, si par exemple on met de la chaux, celle ci est bien susceptible de monter le pH jusqu'à 9 voire plus, mais cela n'est pas sensé durer: au bout de quelques semaines la chaux est transformée en calcaire par le CO2 de l'air, et le pH remonte, normalement en dessous de 7.5. Quant à la silice (sable), sensée "acidifier" une terre en amendement, étant insoluble elle ne modifie pas la valeur affichée par le pH mètre. Donc, une analyse chimique de la terre, donnant les pourcentages de CaO, SiO2, MgO, Al2O3, matières organiques etc... est sans doute aussi utile voire davantage que la simple mesure du pH
Bernard
Citation de Phil 02 :
Bravo Bernard !
On constate que même avec un ph-mètre, on n'échappe pas à une série de manipulations. C'est à douter du progrès en électronique...
On peut peut-être se procurer du KCl tout simplement dans une pharmacie. J'ai déjà commandé des trucs bizarres (acide tartrique, alun, tanin) et toujours avec succès. J'avais aussi acheté du carbonate de calcium et je me suis rendu compte que je pouvais acheter du blanc de Meudon dans un magasin de bricolage pour un prix nettement inférieur. Comme quoi un minimum de connaissance en chimie ne peut pas faire de mal.
On utilise aussi le chlorure de potassium (KCl) en remplacement du chlorure de sodium (sel de table) pour les gens qui doivent suivre un régime sans sodium (sans sel) mais je ne connais pas le niveau de pureté de ce produit...
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Ω Phil 02 Modérateur
Jardinier(e) expert(e)
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jeudi 6 octobre 2016 à 07:59
Citation :
La mesure que j'ai faite sur un échantillon de terre de mon jardin (au pied de mes choux, ceux qui refusent de pommer), donne un pH de 7.18... ce qui est pratiquement neutre. Alors que, en réalité, ma terre est très alcaline... peut-être pas en terme de pH (car la partie alcaline est pratiquement insoluble), mais en terme de teneur en CaCO3 (calcaire). C'est qu'en effet, si dans la suspension de terre et d'eau je verse un peu d'acide chlorhydrique, non seulement il y a effervescence, mais si je remue çà mousse et çà déborde. Et si je rajoute encore de l'acide, çà remousse... donc il y a davantage de calcaire qu'un chouilla qui aurait été neutralisé par les premières gouttes d'acide.
Ce que j'en pense ? Le calcaire n'a pas d'effet direct sur le PH de la terre, tu l'as démontré, il a par contre un effet tampon. Il permet au sol de neutraliser les "amendements" acides qu'il reçoit. L'humus (terreau, compost) est acide, l'eau de pluie est acide. Dans le cas inverse, une terre siliceuse est réputée acide parce que la silice n'a pas d'effet tampon. La silice n'est pas acide mais la partie organique du sol, oui.
On peut faire un test tout simple (ce que tu as fait), diluer une petite quantité de terre dans de l'eau réputée neutre puis on ajoute une petite quantité d'acide (acide chlorhydrique). Si ça mousse : présence de CaCO3 et c'est tout bon, si ça ne mousse pas : Carence en CaCO3, la terre est neutre ou acide. Bien sûr, cela ne nous donne pas le PH précis de notre terre mais, est-ce bien nécessaire ?
Ceci est l'avis d'un jardinier, pas d'un chimiste
Pour finir :
Citation :
Donc, une analyse chimique de la terre, donnant les pourcentages de CaO, SiO2, MgO, Al2O3, matières organiques etc... est sans doute aussi utile voire davantage que la simple mesure du pH
J'en suis persuadé...
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