Expérimentation: haricot 4 à 4 en voie de disparition

Il s'agit d'un haricot "à écosser", à rames, autrefois commun dans les jardins de Franche Comté. On l'appellait "quatre à quatre". Il aurait disparu depuis plusieurs décennies, et, à notre connaissance, cette espèce n'aurait pas fait l'objet d'un effort de sauvegarde de la part d'entités telles que la "Ferme de Sainte Marthe", dont l'objectif est la préservation des légumes anciens.

Il m'a été proposé de l'essayer dans mon jardin situé dans le Val d'Oise ; des semences m'ont été envoyées.

J'ai installé 60 "godets" sous 60 rames de bambou de 2,1m de haut, avec 4 graines par emplacement, soit 240 graines au total. Cette culture occupait 3 planches dans mon jardin. Les plants ont levé en 4-5 jours...

... alors que, dans le même temps, les autres espèces de haricots à rames que j'ai semées cette année sur d'autres planches (mangetout "phénomène" de chez Villemorin), ont, contrairement aux années précédentes, refusé de sortir de terre, en dépit de trois tentatives successives en des emplacements différents, en dépit, pour, la troisième tentative, de 48 heures de trempage des graines avant semis... plusieurs voisins m'ont fait part d'échecs similaires dans leurs jardins, avec d'autres espèces ...

Mes "quatre à quatre" ont donc poussé vite et sans guère de soin, car je me suis absenté 6 semaines cet été ; seuls quelques arrosages ont été assurés par mes voisins. A mon retour, le 30 août, deux des trois planches foisonnaient de gousses sèches, jaunes et friables. La troisième planche ayant été semée plus tardivement, n'arborait que des gousses vertes. Les gousses sèches, une fois écossées, m'ont donné exactement 1020 grammes de haricots secs, soit pour 40 pieds (soit pour 160 graines).

Sitôt écossés, j'ai expérimenté la cuisson des haricots (fallait-il les considérer frais ou bien demi-secs ?), sans les faire tremper. Cuisson à l'eau très douce (eau de Montcalm, quasiment eau distillée), départ à froid et montée très lente à l'ébullition, ajout d'ail et d'épices mais pas de sel, ce dernier n'étant ajouté qu'en fin de cuisson. Goûtage toutes les dix minutes. Après 20 minutes l'on a l'impression de croquer des grains de blé crus : même goût et même texture. Après 45 minutes, ce n'est pas encore assez cuit. Il faut à peu près une heure de cuisson. Cette espèce tient bien à la cuisson et, au final, le produit obtenu est fort bon à déguster.

Voilà donc pour le bilan - provisoire - de cette expérimentation culturale.


Plusieurs remarques s'imposent :

Les points positifs sont les suivants :

- culture facile, rapide et sans souci, aucune maladie n'est apparue. Une fois cuits, ces haricots sont fort bons

Pour le reste :

- les haricots écossés sont très petits, exactement de la taille des semences qui m'ont été fournies. De ce fait, à partir du même nombre de gousses récoltées, l'on récupère, en poids, 2 ou 3 fois moins qu'avec les espèces classiques.

La curiosité m'a poussé à goûter des haricots en leur forme "mangetout", c'est à dire avec leurs cosses, sur celle de mes trois planches où ils sont encore verts. Ce fut une bonne surprise et, contre toute attente, il n'y avait aucun fil, c'était croquant et goûteux à souhait (cuisson seulement 12 minutes dans peu d'eau bouillante). C'est à se demander si ce n'est pas la meilleure façon de tirer partie de ces haricots "quatre à quatre", car alors la récolte, en quantité, est comparable à ce qu'on obtient avec les espèces courantes, alors qu'en version haricots secs, c'est 2 à 3 fois moins et le reste (c'est à dire les cosses, soit la plus grosse part) est perdu.

Quoi qu'il en soit, l'on peut se demander pourquoi ces haricots "quatre à quatre" n'ont pas été sélectionnés par le "Ferme de Sainte Marthe" pour en refaire la diffusion. Il se pourrait que ce soit à cause de la faiblesse du rendement en haricots secs. Mais alors il suffirait peut-être de les requalifier en "haricots mangetout" pour les rendre attractifs...

Si des personnes sont intéressées, je puis envoyer des graines pour des essais dans vos jardins, ce qui contribuerait ainsi à sauvegarder l'espèce.



Sujet écrit par Bernard7895 le mercredi 5 septembre 2018 à 17:34

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