le chanvre

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Le chanvre

Préparation du sol

Une préférence pour les sols profonds et peu acides

Le chanvre se développe dans quasiment toutes les conditions et peut se retrouver dans tous les types de sols. Néanmoins, sa productivité sera meilleure dans des sols à bon potentiel et possédant des réserves organiques et minérales importantes. Il apprécie les terres profondes et fraîches avec un pH compris entre 6 et 8. En cas de sols trop acides, un chaulage est nécessaire.

Le chanvre apprécie peu les sols lourds, tassés ou hydromorphes où son développement peut être assez hétérogène en phase de levée et d’implantation. Veiller dans ce cas à préparer le semis dans un sol ressuyé et suffisamment réchauffé (aux alentours de 10-12°C).

Labour d’hiver ou de printemps

Malgré son système racinaire à pivot qui ameublit le sol, le chanvre supporte mal une semelle de labour ou tout autre obstacle à son développement.

 En terre lourde (type argileuse), un labour d’hiver peut être recommandé pour obtenir au moment du semis un sol fin et émietté.

 En terre légère, un labour de printemps peut être suffisant.

 Le semis direct peut-être envisageable dans certains milieux.

Un faux semis pour optimiser le lit de semences 

Après le labour (d’hiver ou de printemps) et courant mars-avril avant le semis, reprendre le sol avec le passage d’un outil à dents pour ameublir la terre, favoriser la pénétration des futures racines, faciliter le réchauffement du lit de semences et éviter le dessèchement du sol. Cela aura aussi l’avantage de faire lever les adventices (technique du faux semis) qui seront ensuite détruites de préférence par voie mécanique.  

 

Semis du chanvre

Semer dans de bonnes conditions

En année normale, et selon les régions de production, les semis se réalisent de fin mars à début mai. 

En conditions difficiles, il est possible de retarder le semis jusqu’à début juin, mais le rendement paille principalement risque d’en être diminué. En effet, la production dépend directement de la durée de croissance qui se termine à date fixe au stade fin floraison. Si la date de semis est trop retardée, la durée du cycle végétatif, et donc le potentiel de rendement, seront diminués.

Sous réserve que les conditions de semis soient bonnes, avancer la date de semis permet d’augmenter le rendement paille. Les meilleurs rendements graines sont obtenus avec les semis d’avril.

L’essentiel est d’assurer le démarrage le plus rapide possible de la culture. Un blocage à la levée (sol froid, gelées etc.) peut porter préjudice au développement et donc au rendement du chanvre.

  

Semer à 2-3 cm, en rangs rapprochés

Le semis s’effectue en ligne avec un semoir à céréales classique à socs avec un écartement pouvant varier de 12 à 17 cm, l’optimum étant d’avoir des rangs les plus rapprochés.
La profondeur du semis est de 2-3 cm maximum. Si le semis est trop superficiel, les graines ne trouvent pas l’humidité nécessaire pour germer et lever et deviennent une proie facile pour les oiseaux, friands des graines. A l’inverse, un semis trop profond limite le pourcentage de plantes levées et a un impact négatif, particulièrement sur des sols limoneux sensibles à la battance.

Pour assurer une levée homogène, il est essentiel que la profondeur de semis soit la plus régulière possible.

Impact de la dose de semis

La dose de semis en conditions normales est à moduler en fonction du type de peuplement voulu  qui peut dépendre du cahier des charges signé avec l’industriel. L’impact de la densité de semis sur le rendement paille ou graine est très limité. Elle influera principalement sur la morphologie du peuplement : plus la densité de semis est importante plus les tiges de chanvre seront fines et courtes. Le peuplement recherché s’établit de 200 à 250 plantes levées/m2 (équivalent à 40-50 kg/ha). 

Le Poids de Mille Grains (PMG) est généralement compris entre 15 et 20 grammes selon les variétés.

Rouler si nécessaire

Une fois le semis effectué, un roulage peut être nécessaire. D’une part il  favorise la germination des graines en favorisant la remontée capillaire de l’humidité au sol. D’autre part, il permet de niveler le sol et de limiter la présence de cailloux, pour assurer de bonnes conditions de récolte.

 

Fertilisation azotée du chanvre

Eviter les excès d’azote par une dose bien ajustée

Les besoins de la culture sont estimés à 13-15 unités N/tonne de matière sèche lorsque les ressources en eau ne sont pas limitantes. Le besoin total d’azote se situe donc autour de 120 U/ha pour un objectif de rendement paille de 8 t/ha, duquel il faut soustraire les reliquats du sol et la minéralisation pour calculer la dose d’azote minéral à apporter.
La méthode du bilan peut être appliquée. L’ajustement de la dose est important, et des études sont en cours pour affiner le raisonnement de la fertilisation azotée. En excès, l’azote favorise une végétation exubérante, induit précocement la verse et maintient une humidité excessive des graines (et des feuilles). Les pailles restent plus vertes. En conséquence, la récolte est  retardée et plus difficile, le temps de séchage de la plante est plus important et le défibrage à l’usine devient plus difficile.

Favoriser un apport fractionné

La fertilisation azotée vise à compléter les fournitures d’azote du sol. Le chanvre absorbe de l’azote principalement entre le stade 3 paires de feuilles (50 cm) et la fin de la floraison. Généralement la totalité des apports se fait au semis. Toutefois, il faut noter qu’un apport d’azote fractionné et tardif (semis + stade 50 cm et plus) favorise le rendement en graines.

Une réponse à l’azote très variable

Bien enraciné, le chanvre mobilise l’azote minéral des couches les plus profondes. C’est pourquoi la réponse à l’azote apporté est variable selon l’année, le sol et les conditions climatiques. Elle est donc à adapter en fonction du type et de la profondeur du sol, ainsi que des reliquats effectués par analyses à différentes profondeurs (0 à 30 cm, 30 à 60 cm, 60 à 90 cm pour les sols les plus profonds).

Fertilisation potasse, calcium et phosphore du chanvre

Une plante exigeante en potasse

Le chanvre est une plante exigeante vis-à-vis de la potasse et ses besoins sont élevés (300 U/ha). Les exportations se situent autour de 150 U/ha. Sa période d’application est similaire à celle du phosphore. Sur les sols correctement pourvus, il faut couvrir au minimum les exportations.
Lorsque le sol est riche, à l’appui des résultats des analyses de sol, l’impasse en P et en K peut être envisagée.

  

  

Carence en potassium
La feuille jaunit à partir du bord en direction des nervures. Des taches nécrotiques apparaissent ensuite dans la feuille. Cependant, des bordures brûlées ne sont pas forcément dues à un manque en potassium.

La fréquence de carence en potassium est actuellement très faible.

 

Calcium : des besoins élevés

Les besoins en calcium sont importants et comparables à ceux en potasse (320 U/ha). Le chaulage est capital sur les sols acides. Le chanvre réagit très bien à un chaulage d’entretien de 1 à 1,5 t/ha.

 

  

Carence en calcium
Le calcium est impliqué dans la cohésion des parois cellulaires. Les feuilles les plus âgées présentent les premiers symptômes : des taches jaunes brunes, souvent auréolées d’un brun foncé. La fréquence de carence en calcium reste rare (possible seulement sur des terres acides).

  

Phosphore : couvrir les exportations

Le chanvre est moyennement exigeant en phosphore. Les besoins sont limités (100 U/ha) et les exportations sont d’environ 50 U/ha.
Le phosphore s’applique généralement entre la récolte de la culture précédente et avant les dernières façons culturales précédant le semis du chanvre. Il faut couvrir au minimum les exportations.

La carence en phosphore

Les carences en phosphore sur le chanvre sont mal décrites. Les symptômes se manifestent par une plante de petite taille présentant une partie des feuilles nécrosées (noires/violettes) et enroulées.

Avec les baisses de fertilisation phosphopotassique, ce type de carence peut se développer.

Les adventices du chanvre

Le chanvre, plante étouffante vis-à-vis des adventices

 

Les adventices sont rares sur chanvre (sanves, chénopodes, renouées, panic, sétaire, digitaire). Aucun herbicide n’est homologué sur le chanvre industriel car cette culture ne nécessite pas le recours au désherbage.

Quelques rares infestations sont possibles en cas de mauvaise levée

Si la levée se réalise dans de bonnes conditions (à densité de semis usuelle), le chanvre couvre très rapidement le sol et étouffe les adventices.

Dans le cas contraire (semis trop précoce, terre mal préparée, mauvaises conditions de levée, densité très clairsemée), l’effet étouffement n’existe pas et les mauvaises herbes peuvent alors prendre le dessus. Il n’existe aucune solution chimique de rattrapage. Les adventices qui posent parfois problème dans ce cas sont les sanves, les graminées estivales et les chénopodes dans une moindre mesure. Lorsque la parcelle est fortement infestée en sanves ou en graminées, il est conseillé de procéder à la technique du faux-semis et d’éviter un semis trop précoce.

Date de récolte du chanvre

 

Les dates de récolte dépendent :
• du déroulement du cycle végétatif lequel est conditionné par la longueur du jour, qui détermine l’arrêt du développement des inflorescences.
• du mode de récolte choisi : récolte de la paille seule (culture non battue) ou de la paille et des graines (culture battue). La date de récolte en culture non battue est souvent plus précoce. Ce choix doit être réalisé dès les semis afin de fixer avec discernement la précocité des variétés à implanter et la densité de semis.
• du contrat que le producteur a signé avec un industriel de 1ère transformation.

 

Une influence sur le rendement en graines mais pas en paille

Pour une variété donnée, la date de récolte a peu d’influence sur le rendement paille, sauf, bien sûr, si elle intervient avant la fin de la floraison. Par contre, plus la date est tardive, plus le rendement graines est élevé.

Attention : la graine de chanvre est très déhiscente. Si la récolte est trop tardive, le rendement peut s’effondrer suite à un coup de vent ou une forte pluie.

 

  

En mode non battu : fin août, mais attention aux récoltes trop précoces

La récolte peut s’effectuer dès la fin de la floraison, lorsque l’optimum de rendement en paille est atteint. Néanmoins, à ce stade, les tiges encore très vertes, et la masse foliaire importante peuvent entraîner les conséquences suivantes :
• augmentation du temps de séchage au sol,

• augmentation non contrôlée du rouissage (pourrissement possible car les tiges contiennent beaucoup d’eau),

• fibres et chènevotte de couleur verte, peu prisées par les industriels (défibrage difficile),

 

• qualité de fibre non optimisée. En effet, les fibres continuent à se rigidifier après la floraison des plantes parallèlement à la maturation des  graines, au jaunissement de la tige et à sa défoliation.

En revanche, plus les tiges sont jaunes et défoliées, plus leur fauchage est difficile.

 

 

   

En mode battu : courant septembre, au stade optimal de maturité du chènevis

 

 

  

La date de récolte est liée à la précocité de la variété. La récolte du chènevis s’effectue environ 4 à 6 semaines après la date de pleine floraison, communiquée par l’obtenteur variétal.

Cependant, pour une même plante, les graines n’arrivent pas à maturité en même temps. Ainsi, il est admis que le stade de récolte est atteint lorsque les enveloppes des graines les plus basses de l’inflorescence commencent à tomber, que les graines en haut de l’inflorescence sont au stade pâteux et que les tiges sont quasiment totalement défoliées (du 5 septembre pour les variétés les plus précoces au 15-20 septembre pour les plus tardives). Cette date reste un compromis entre la quantité de chènevis mature et les conditions météorologiques qui, si elles se dégradent, peuvent provoquer un égrenage ou la germination sur pied impactant fortement le rendement en chènevis et compromettant la qualité de la paille.

 

Le mode de récolte se prévoit dès le semis

Le choix du système de récolte est déterminé par le contrat signé entre le producteur et l’industriel de 1ère transformation. Il doit prendre en compte les objectifs de récolte (récolte du chènevis ou non), l’organisation collective ou individuelle de la récolte, les contraintes à l’usine et les débouchés visés. Les différences existant entre les différents modes de récolte concernent principalement la fauche avec la récolte ou non du chènevis.
L’organisation collective de la récolte permet d’investir dans des machines très performantes mais la réactivité du chantier peut être pénalisée si le nombre de machines disponibles est faible.

 

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A propos paysanature16

depuis tout petit passionner d'agriculture j'en fait aujourd'hui mon metier et ma passion que demander de mieux. Sans la nature je ne serait rien.
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