L’Assassinat

l’assassinat

Brassens

 

 

C’est pas seulement à Paris
Que le crime fleurit,
Nous, au village, aussi, l’on a
De beaux assassinats.
Il avait la tête chenu’
Et le coeur ingénu,
Il eut un retour de printemps
Pour une de vingt ans.
Mais la chair fraîch’, la tendre chair,
Mon vieux, ça coûte cher.
Au bout de cinq à six baisers,
Son or fut épuisé.
Quand sa menotte elle a tendu’,
Triste, il a répondu
Qu’il était pauvre comme Job.
Elle a remis sa rob’.
Elle alla quérir son coquin
Qui avait l’appât du gain.
Sont revenus chez le grigou
Faire un bien mauvais coup.
Et pendant qu’il le lui tenait,
Elle l’assassinait.


On dit que, quand il expira,
La langue ell’ lui montra.
Mirent tout sens dessus dessous,
Trouvèrent pas un sou,
Mais des lettres de créanciers,
Mais des saisi’s d’huissiers.
Alors, prise d’un vrai remords,
Elle eut chagrin du mort
Et, sur lui, tombant à genoux,
Ell’ dit : « Pardonne-nous ! »
Quand les gendarm’s sont arrivés,
En pleurs ils l’ont trouvé’.
C’est une larme au fond des yeux
Qui lui valut les cieux.
Et le matin qu’on la pendit,
Ell’ fut en paradis.
Certains dévots, depuis ce temps
Sont un peu mécontents.
C’est pas seulement à Paris
Que le crime fleurit,
Nous, au village, aussi, l’on a
De beaux assassinats.

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